Nouveaux défis à Valrêve by Anouk Journo-Durey

Auteur:Anouk Journo-Durey
La langue: fra
Format: epub
Tags: soigneur, animal, animaux, Cheval, biberon, Fauve, lionceau, forêt, Famille, Hôpital, Cirque, vétérinaire, félin, tigre, Crinière, Fourrure, mammifères, Kenya, Apnée, humain, émotions, intelligence, Chirurgie, sabot, animalier, exploitation, bête, parc, zoo, Nature, de La Panouse, Thoiry, refuge, hygiène, entretien, extinction, Masse
ISBN: 9782215139973
Éditeur: Fleurus
Publié: 2018-06-14T00:00:00+00:00

DEUXIÈME PARTIE

« Fais de ta vie un poème…

Sois ouragan…

Écris…

J’vais soulever des montagnes avec mes petits bras… »

Gaël Faye, romancier et chanteur – Paroles extraites de Tôt le matin

Chapitre 1

Au nom de la vérité

À douze ans et demi, bientôt treize, Kenji avait parfois l’impression de se sentir aussi lourd qu’un adulte face à une montagne de problèmes insolubles. Sa grande sœur Capucine avait encore fugué, et il avait fallu aller la rechercher au commissariat de Tourlon. Ce n’était pas la première fois... mais la troisième ! Leur mère avait craqué et, ensuite, s’était disputée avec leur père. Ce n’était pas la première fois non plus. Il ne fallait plus compter. Au lieu de s’entraider, ils s’accusaient mutuellement d’être responsables des ennuis de Capucine, et rien ne s’arrangeait. Capucine, qui fêterait bientôt ses seize ans, rêvait de quitter le domicile familial au plus vite et pour de bon. Elle était en train de rater sa scolarité en multipliant les bêtises. Son cas était, affirmaient leurs parents, désespéré. Sauf qu’ils n’agissaient pas réellement – du moins pas efficacement – pour l’aider. Ils semblaient avoir baissé les bras.

C’était incompréhensible ; décourageant.

Kenji savait la solidarité du clan essentielle, vitale, chez les animaux. Une troupe de lions ne réussissait jamais à survivre si les femelles ne s’entraidaient pas pour la chasse, si le lion ne défendait pas « ses » lionnes, si celles-ci ne préservaient pas leurs petits, surtout quand il y avait un lionceau mâle : à l’adolescence, vers deux ans environ, il devait quitter le groupe, souvent chassé, pour ne pas entrer en rivalité avec le mâle dominant. C’était un rituel de survie de l’espèce qui durait depuis des millénaires. Rien de tel chez les humains, bien sûr, aucune comparaison objective ne pouvait être réalisée sauf que…

Sauf que Kenji finissait par trouver ses parents vraiment indifférents et égoïstes, empêtrés dans leurs propres problèmes peut-être, mais « On n’a pas demandé à naître ! » martelait Capucine dans sa révolte.

Finalement, lui, il passait plus de temps avec Marco, le frère de son père. Tant mieux. « On s’entend bien, tous les deux », songea Kenji en regardant son oncle qui discutait avec Antoine Beaucaire et Jawau. Marco n’avait pas d’enfants et, parfois, il se comportait de façon protectrice, presque paternelle. Il lui apprenait plein de choses à Valrêve : comment observer les bêtes, les soigner, les choyer, les nourrir. Et accepter de patauger sans broncher dans la boue crottée pour nettoyer les enclos extérieurs quand il pleuvait !

Dans la vie de Kenji, il y avait aussi Skill, son berger allemand à poils longs, superbe, léonin. Un chien-lion ! Une à deux fois par semaine, Marco et lui l’emmenaient à une séance d’éducation canine : il apprenait à marcher au pas, à s’arrêter quand on le lui ordonnait, à ne pas bouger, à rapporter des objets et à les rechercher. Son flair de fin limier avait permis de retrouver Izia quand elle aussi avait voulu faire une fugue, quelques semaines auparavant. Franchement, qu’est-ce qui n’allait pas avec ces filles ?

– Hein, Kenji ? lança Marco.

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