Fable by Adrienne Young

Fable by Adrienne Young

Auteur:Adrienne Young [Young, Adrienne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Rageot Editeur
Publié: 2022-04-15T00:00:00+00:00


Il m’avait vue.

Il m’avait vue et parfaitement reconnue. Pour preuve : son poing s’était crispé lorsqu’il avait regardé par-dessus son épaule et un muscle sur sa joue avait tressailli quand ses yeux avaient croisé les miens.

Saint savait que j’avais réussi à rallier Ceros, et pourquoi. Comme je savais pourquoi il ne s’était pas arrêté. À l’exception de Clove, tout le monde dans les Goulets ignorait que j’étais sa fille. Saint ne pouvait prendre le risque de montrer ouvertement qu’il me connaissait.

D’un pas assuré, il se mêla à la foule des dockers pour rejoindre un imposant navire qui approchait dans la baie. Le foc arborait son emblème.

Le souffle court, je remontai davantage ma capuche. Les larmes n’étaient pas loin. Parce qu’il n’avait pas changé. Comment était-ce possible ? Cet homme à la beauté brute était resté le même depuis la dernière fois que je l’avais vu.

Les cloches sonnèrent, marquant l’ouverture de la maison des négociants. Je me retournai. Saint allait à la rencontre des timoniers qui s’apprêtaient à débarquer, puis il retournerait à son comptoir, à la Pince. Une fois là-bas, il me trouverait en train de l’attendre.

Je grimpai les marches pour quitter le port et m’arrêtai devant le portail en fer forgé marquant l’entrée dans la Rive, le quartier le plus pauvre de Ceros qui exhibait ses masures crasseuses le long du rivage. Au-dessus, la ville formait un véritable labyrinthe. Les rues et ruelles ressemblaient à des nœuds serrés. Des gens apparaissaient à toutes les ouvertures, portes ou fenêtres. Ceros était la plus importante cité portuaire des Goulets, le centre des opérations commerciales mais malgré l’animation qui y régnait, elle n’avait pas l’opulence des villes qui bordaient la mer Sans Nom.

Après m’être engagée dans une ruelle, je sortis de ma poche le plan que Hamish m’avait donné et le dépliai contre un mur. Le port était derrière moi, la Pince se trouvait donc au nord-est. L’endroit serait difficile à atteindre. C’était peut-être l’une des raisons qui avaient poussé mon père à le choisir : personne ne s’attendait à ce qu’un riche marchand aille s’enterrer dans l’un des quartiers les plus sordides de la ville.

Je me hissai sur la pointe des pieds pour tenter de repérer l’échelle qui me permettrait d’accéder aux ponts suspendus. Je repliai le plan, le fourrai dans ma veste et me dirigeai vers la rue principale encombrée par les habitants qui se rendaient au marché ou en revenaient, portant des paniers de pommes de terre et des boisseaux de céréales.

Je débouchai sur une place où des auvents en toile de couleurs vives jetaient une ombre rose sur le marché. L’air poussiéreux sentait la viande rôtie. Les étals des vendeurs serpentaient en rangs anarchiques, leurs tables et charrettes chargées de fruits, de poissons et de rouleaux de tissu de coloris variés.

Je me frayai un chemin à coups de coude, les yeux rivés sur les ponts suspendus pour ne pas dévier de mon chemin. Par sécurité, j’avais calé ma ceinture et ma bourse sous ma veste. Mais par réflexe, j’y glissai la main pour trouver le manche de mon couteau.



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