Noir comme le jour by Benjamin Myers

Noir comme le jour by Benjamin Myers

Auteur:Benjamin Myers
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Seuil
Publié: 2019-11-22T11:27:26+00:00


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Le masseur verse de l’huile sur la nuque de James Brindle, ses épaules et son dos. Il l’étale en un mouvement circulaire avant de commencer à pétrir les muscles noués, durs comme du bois. Il tente de les assouplir avec ses doigts, puis avec ses jointures, et quand Brindle lui demande s’il peut y aller un peu plus fort, il enfonce ses coudes dans la région autour des omoplates. Comme son client n’émet aucun son, il fait peser tout le poids de son buste sur ses bras et augmente encore la pression, malaxant et aplatissant les nœuds douloureux comme le boucher attendrit des morceaux de viande. À plat ventre sur la table, le visage inséré dans l’ouverture, Brindle compte d’abord les dalles du carrelage, ensuite ses respirations, et enfin il tente de se vider la tête. Essaie de créer une sorte de blanc mental, un écran de télé neigeux, une tempête statique de rien, mais il ne profite que de quelques secondes de répit avant que ses pensées reviennent tourner autour de son esprit.

Désolé, dit-il. Vous pourriez… ?

Le masseur s’interrompt.

Tout va bien ?

Oui, répond Brindle. Ça va.

J’appuie trop fort ?

Non, non.

Vous voulez qu’on fasse une pause ?

Non, j’avais juste oublié que je devais aller quelque part.

Ah bon ?

Brindle se redresse lentement. Il est saisi d’un bref étourdissement, et soudain il se sent vulnérable, assis là avec seulement une serviette blanche autour de la taille et l’impression d’avoir le visage à la fois gonflé et aplati, sous le regard du masseur, un jeune fraîchement diplômé en sciences du sport qu’il a déjà croisé au club de gym.

Il ne le regarde pas. Il n’a qu’une envie : s’élancer hors de cette pièce en hurlant, se précipiter dehors, dans l’air froid, traverser le parking, la route et se perdre dans l’étendue morne des champs.

Oui. Veuillez m’excuser.

C’est le massage qui vous a déplu ? Est-ce que c’était trop… ?

Au prix d’un gros effort, Brindle lève la tête. Il a l’impression d’être totalement vidé de son énergie. Complètement éreinté. Il considère le masseur, qui arbore la barbe en vogue chez tant d’hommes. Elle semble incongrue, comme si elle avait été collée. On dirait un accessoire ou une prothèse. Il est trop jeune pour en porter une et, rien qu’à le regarder, Brindle se fait l’effet d’être un vieillard fatigué. Il tente de sourire, mais ses traits lui paraissent figés, et il ne parvient qu’à esquisser une grimace. Un rictus tétanisé.

Non, le massage était très bien.

Vous désirez un verre d’au ? Vous devriez boire un peu.

Oui, de l’eau. Volontiers.

Je décale le rendez-vous ? Je peux vous prendre la semaine prochaine, si vous voulez.

Brindle décline d’un geste de la main.

Juste de l’eau pour le moment.

Le masseur s’attarde encore quelques instants dans la pièce, ne sachant manifestement pas s’il doit se sentir vexé. Pour finir, il hoche la tête. Qu’est-ce qui m’arrive ? se demande Brindle. Une nouvelle crise de panique ou quelque chose de plus grave ?

Je vous laisse vous rhabiller, dit le masseur.

Au moment où il



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