AD VITAM AETERNAM by Thierry Jonquet

AD VITAM AETERNAM by Thierry Jonquet

Auteur:Thierry Jonquet [Jonquet, Thierry]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier - Crime - Mystère
Éditeur: J'ai Lu
Publié: 2011-01-17T05:00:00+00:00


10

Oleg s’était mis au travail sur le contrat Moedenhuik. Il lui fallait recruter une petite équipe, quatre ou cinq hommes, tout au plus. Rien ne pressait. C’était mieux ainsi. Il détestait agir dans l’urgence. Recruter. Sélectionner. Choisir. Parmi les siens ? Non. Surtout pas parmi les siens. Mieux valait écarter cette faune prête à trucider le moindre quidam pour une misérable poignée de roubles. À Moscou, à Kiev, à Rostov, tout un Lumpenproletariat errait dans les décharges proches des grandes villes à la recherche d’une improbable pitance. De pauvres femmes, épaves gorgées de vodka frelatée, s’étaient fait pincer la main dans le sac alors qu’elles s’apprêtaient à vendre leur bébé au plus offrant. Quel usage leur réservaient les acquéreurs ? Un petit rôle de figuration dans un snuf movie ou une consommation strictement privée, dans le cadre familial ? Ils étaient des milliers à rôder sur un territoire immense, progressant au flair, attirés par l’odeur du sang, de l’argent. L’implosion de l’Empire soviétique avait libéré la pègre qui prospérait dans ses bas-fonds, en terrain fertile. Le volcan avait vomi sa lave. Ses coulées s’étaient répandues dans tous les interstices de la société, décennie après décennie, s’y étaient incrustées, stratifiées. Al Capone, Meyer Lansky, Lepke Buchalter, Lucky Luciano, Bugsy Siegel, Dutch Schultz, toutes ces stars du syndicat du crime made in USA, dont les studios hollywoodiens avaient glorifié la légende dans d’innombrables films en noir et blanc ou en Technicolor, feraient bientôt pâle figure face à leurs confrères slaves. Il suffisait de patienter pour le vérifier. Oleg avait bien conscience de n’être lui-même qu’une modeste bactérie parmi la multitude qui rongeait le corps d’une société en pleine décomposition. Il était parvenu à s’évader, à s’éloigner de l’épicentre de l’infection, et agissait désormais en franc-tireur, exilé à l’affût d’un nouvel organisme à phagocyter. Paris, Venise, New York, Amsterdam ou Berlin, quelle importance ?

Il passa un mois entier à réunir le petit staff qui l’aiderait à filer Ruderi dès sa sortie de prison, à l’épier ainsi que Margaret Moedenhuik l’avait exigé, puis, quand le signal lui serait donné, à l’acheminer jusqu’à Venise pour l’achever. Ensuite, il agirait seul. Il donna de multiples rendez-vous, contacta ses intermédiaires habituels, lança la rumeur : on recrutait pour une affaire de grande envergure. Il tenait par-dessus tout à ce que ses adjoints aient un casier judiciaire vierge. Ils ne devaient pas fréquenter le milieu, la truandaille, sous quelque forme que ce soit. De plus, il était indispensable qu’ils parlent couramment le français. Tous ces critères éliminaient d’emblée bien des impétrants. À force de patience, pourtant, il réussit. Cinq hommes. Des professionnels de la sécurité rapprochée version mafieuse. L’équipe s’avéra très cosmopolite. Un Allemand, deux Anglais, un Espagnol, plus un Roumain, ancien de la Securitate, spécialiste des écoutes clandestines. Il munit ce petit monde de faux passeports de bonne facture, acheta tout un lot de voitures, des berlines puissantes mais pas trop voyantes, autant de motos, de camionnettes, y ajouta un assortiment de vêtements aussi variés que possible et loua des boxes pour abriter toute cette panoplie.



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