Mytho-Story by Emily ROBERSON

Auteur:Emily ROBERSON [Roberson, Emily]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman 13 ans+
Éditeur: 12-21
Publié: 2020-06-24T12:06:37+00:00

10.

Quelques instants plus tard, Icare est de retour dans la loge en compagnie d’une maquilleuse, l’air aussi craintif que soulagé, comme quelqu’un qui vient de survivre au passage d’une tornade. Il remonte ses lunettes en haut de son nez. Il ne me demande pas comment s’est déroulée l’entrevue avec Papa. C’est inutile. Je sais qu’il reçoit en temps réel le flux de toutes les caméras du palais sur son téléphone. Il n’en a pas manqué une miette.

— Je t’avais prévenue, dit-il sobrement avant de me prendre dans ses bras.

Nous laissons flotter dans l’air toutes ces choses que nous préférons taire.

La maquilleuse me fait asseoir pour effectuer quelques retouches. Après son départ, Icare sort d’une mallette le micro et l’oreillette qui me permettront d’entendre ses directives durant le direct.

— Je vais t’équiper, explique-t-il.

Puis, constatant que je n’ai pas encore ouvert la bouche, il ajoute :

— Ne me regarde pas comme ça, Ariane. Je ne fais que mon boulot.

D’un geste à la fois intime et professionnel, il dissimule le micro dans le décolleté de ma robe.

— Là. Tout va bien se passer.

— Direct dans dix minutes, crachote le talkie-walkie suspendu à sa ceinture.

— Ça va être à toi, dit-il en fermant sa sacoche.

Il faut que je me reprenne. J’ai déjà fait ça dix fois. Je serai en pilotage automatique.

— Je suis prête.

Je m’empare du sac de toile contenant quatorze rectangles de bois clair guère plus épais qu’une carte de crédit. Chacun d’eux est gravé d’un numéro. À l’issue du tirage au sort, ce sont ces petites tablettes qui fixeront l’ordre de passage des candidats. Ou, vu sous un autre angle, celui de leur disparition.

— Une seconde, dis-je en exhibant le réticule argenté à mon poignet, qui contient mon téléphone et ma bobine de fil d’argent. Je ne peux pas trimballer ce truc. Je vais me couvrir de ridicule.

— Laisse-le ici, suggère Icare.

— Je ne dois jamais me séparer de la bobine. Papa et Dédale ont envisagé de l’implanter sous ma peau, mais le système n’est pas encore au point.

— Dans ce cas, mets tes affaires dans le sac de toile, avec les tablettes.

— Quelle brillante idée ! Et, pendant que tu y es, pourquoi ne pas carrément confier la bobine aux candidats, histoire qu’ils puissent s’orienter à leur guise dans le labyrinthe ?

— Tu te débrouilleras. Je te fais confiance.

Lorsque nous quittons la loge, je suis prise de frissons. Fichu air conditionné. J’en ai la chair de poule. Mon chiton me manque. Mes poches me manquent. Mon masque me manque.

Nous grimpons dans la voiturette de golf. D’ordinaire, elle me conduit dans une petite salle où j’attends le moment de fouler la pelouse jusqu’à la scène. Mais pas cette année.

Cette fois, elle nous dépose dans l’immense salle des machines située au centre du complexe. Pile sous la scène, je découvre un ascenseur comme on en trouve sur les chantiers de construction. Cependant, en lieu et place de cabine, le dispositif est coiffé d’une plate-forme circulaire à peine assez large pour y tenir debout. Une cage de métal entoure l’ensemble de façon à assurer la sécurité de son passager.

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