Contes et légendes de la mythologie celtique by Léourier Christian

Contes et légendes de la mythologie celtique by Léourier Christian

Auteur:Léourier Christian [Christian, Léourier]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-07-18T12:17:28+00:00


X

LE TAUREAU BRUN DE CUALNGÉ

Comment une guerre honteuse ravagea toutes les provinces d’Irlande à cause de l’ambition d’une mauvaise reine ? Je vais vous le dire. Tout commença par une brouille entre Aillil, le roi du Connaught, et son épouse Mève.

Un soir, alors qu’ils venaient de se coucher, Mève déclara :

— En t’épousant, je t’ai apporté plus de richesses qu’aucune autre ne l’aurait pu.

Au ton de sa voix, Aillil reconnut l’approche d’une dispute. Mève l’avait habitué à ses sautes d’humeur. Plus le temps passait, plus elle se montrait arrogante et acariâtre. Prudemment, Aillil reconnut :

— Sans aucun doute, tu es la meilleure des femmes dont je pouvais rêver. Mais il est tard. Bonne nuit.

Mève ne se satisfit pas de ce compliment. Se redressant sur son coude, elle secoua son époux qui lui avait tourné le dos.

— Pour dire la vérité, insista-t-elle, je suis sûre de posséder plus de la moitié des biens de notre ménage.

Cette question dépassait le cadre de la simple querelle domestique : elle engageait l’avenir du royaume. Dans un couple, en effet, l’autorité revient à celui des deux époux qui lui apporte le plus de richesses. Dans ce cas précis, si Mève l’emportait sur Aillil, elle prenait possession de l’autorité royale.

— Ce n’est pas une heure pour discuter de ces choses, maugréa Aillil. Laisse-moi dormir, nous verrons cela demain.

Mève consentit à le laisser tranquille pour ce soir, mais, dès le lever du jour, on procéda sur son ordre au décompte de tous leurs avoirs. Il s’avéra qu’ils possédaient le même nombre d’armes, le même nombre de vêtements, le même nombre de bijoux d’or et d’argent, le même nombre d’ustensiles de cuisine, le même nombre de moutons, le même nombre de cochons, le même nombre de serviteurs. Restait à compter les bovins. On rassembla les deux troupeaux et l’on procéda au recensement. On trouva le même nombre de vaches, de veaux, de génisses et de taureaux. Mais Aillil possédait le Beau Cornu, un taureau qui par sa taille, sa force et sa puissance l’emportait sur tous les autres. Grâce à cette bête, la victoire lui revint.

Mève n’était pas femme à se résigner aussi facilement. Elle enrageait d’autant plus qu’elle avait peu de considération pour son bonhomme de mari, qu’elle jugeait trop indulgent. Elle, elle en était sûre, saurait mener le pays d’une main énergique, pour faire du Connaught le plus puissant des royaumes irlandais. Comme tous les ambitieux, elle feignait de penser d’abord à l’intérêt commun. En réalité, habituée à séduire et à voir tous ses caprices exaucés, elle trouvait insupportable de ne pas avoir la première place. Puisque seul un taureau la séparait du trône, il ne lui restait qu’à trouver une bête plus belle, plus puissante que le Beau Cornu.

Ses espions lui apprirent bientôt qu’au royaume voisin d’Ulster, le Brun de Cualngé avait la réputation d’être le plus magnifique taureau du monde. Aussitôt, elle dépêcha des messagers auprès de son propriétaire, Daré fils de Fachtua, pour lui offrir une grosse récompense s’il lui prêtait le Brun de Cualngé pendant un an.



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