Movie Star 2 by Alex CARTIER

Auteur:Alex CARTIER [Cartier, Alex]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Belfond
Publié: 2016-04-15T00:00:00+00:00

31 août 2014, 15 heures

Je profite d’un moment de calme, assise dans le Motoscafo, pour essayer de retranscrire aussi clairement que possible ces quinze dernières heures. Laure est avec moi mais elle se tient à distance et fait la gueule. Elle devrait plutôt profiter de la magnifique embarcation tout en bois vernis que nous devons à l’organisation du festival. Nous sommes en route pour l’aéroport.

Laure n’est pas raisonnable, elle pourrait comprendre que je n’y suis pour rien. D’autant plus que ce n’est pas ma faute si j’ai découché !

Pourtant, la soirée avait plutôt bien commencé.

La projection officielle du film se terminait à 22 heures. La soirée débutait à la même heure. Laure avait calculé que la majorité des invités ne pourrait pas arriver avant 22 h 45 ou 23 heures, le temps de se changer. Il ne fallait pas arriver trop en avance pour ne pas attirer l’attention, mais impérativement avant les deux Russes, sinon c’était foutu.

Le timing était serré et moi, stressée à mort.

Le vaporetto nous a prises à l’embarcadère à 21 h 50. Il y avait une dizaine de personnes tout en costumes du XVIIIe siècle. Visiblement, comme nous, elles n’avaient pas voulu ou pas pu aller voir le film de Michael.

Naviguer ainsi vers Venise, avec toutes ces lumières, c’était magique. Le bateau est passé près du palais des Doges, puis il est entré sur le Grand Canal. J’ai essayé de reconnaître tout ce que j’avais apprécié l’après-midi mais, de nuit, l’effet était totalement différent. Je ne sais pas si j’ai vu plus belle ville la nuit. J’ai reconnu le musée Peggy Guggenheim et plus loin de l’autre côté, le palais Grassi. Je me rappelle m’être dit que François-Henri Pinault et moi avions en commun d’être amoureux d’une star : Salma Hayek pour lui, Michael Brown pour moi. Les comparaisons s’arrêtent là. Lui possède le palais Grassi à Venise avec toutes ses merveilles, moi je loue un 40 m2 à Paris. Évidemment, on ne joue pas dans la même cour…

Mais j’étais de bonne humeur, ma robe me donnait confiance. Mon armure contre le doute.

Nous sommes passées sous le pont du Rialto, éblouies par les flashs des touristes.

Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivées devant le ponton d’un magnifique palais vénitien. Les éclairages avaient été renforcés, c’était juste sublime. Il y avait un valet en livrée pour nous donner la main à la descente du vaporetto, la grande classe !

Le moment décisif approchait. Laure m’a fait quelques recommandations.

— Tu es Irina Grigorieva et moi, Olga Kuznetsova.

— Tu ne veux pas échanger ? Je n’arrive pas à me souvenir du nom de famille d’Irina.

— Si tu veux, mais je trouvais qu’Irina faisait plus classe et moins salope qu’Olga. C’est un prénom de danseuse russe.

— Tu plaisantes ! Olga Kurylenko, elle n’est pas classe ?

— OK, comme tu veux. On n’a pas le temps de discuter. Tu parles le moins possible, tu me laisses faire.

Nous nous sommes approchées de l’accueil. Il y avait plusieurs tables pour recevoir les invités. J’ai eu un moment d’angoisse.

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