Lieutenant Elvis Cochran - 02 - Jours de ténèbres by Decker Alain

Auteur:Decker, Alain [Decker, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782221271353
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 2023-09-14T09:37:18+00:00

Tout en composant le numéro de Sue sur le clavier, je me reprochai d’impliquer ma compagne dans cette enquête, tout en étant pleinement conscient des risques que cela pouvait représenter. Pour elle comme pour moi. Mais aussi pour l’enquête. Cependant, je choisis, une fois de plus, de lui faire confiance. Je tombai sur sa messagerie, mais elle rappela dans la seconde qui suivit. Immédiatement, je lui posai la question qui me hantait. Je l’entendis griffonner sur un papier, puis tapoter sur un clavier d’ordinateur. Sa réponse me parvint presque aussitôt, et je fermai instinctivement les yeux pour mieux la savourer. Je remerciai Sue d’un souffle et raccrochai. Alex, de son côté, était toujours suspendu à mes lèvres. Je lui balançai aussitôt les quelques mots qui allaient le clouer sur place :

— Bingo ! Eliot Ness est décédé un 16 mai. Comme Karen Ness.

— Ah oui ? Et c’était qui, pour elle ? Son arrière-grand-père ? Ou l’ex-mari de sa petite-cousine ? Et pourquoi cette leçon d’histoire ? S’il continue à nous décliner l’encyclopédie, il n’a pas fini ! Qu’est-ce qu’il va encore nous trouver ? La fille cachée de Marilyn Monroe ? Un vendeur de hot-dogs qui s’appelle John Fitzgerald Kennedy ? L’ex-femme de Buffalo Bill ? On croit rêver !

— Je ne sais pas si Fog piochera les mêmes noms que toi dans les pages de nos livres d’histoire, et encore moins s’il y a, là aussi, un lien de parenté entre les deux Ness, mais je sais que c’est ainsi qu’il veut que nous voyions les choses. Et, au-delà de cette symbolique, il ne faut pas oublier le côté sanglant de ses mises en scène. Il veut nous choquer, nous traumatiser, nous terroriser, peut-être. Il marque son territoire. Il le souille. Comme un animal sauvage.

— C’est une bête, oui, si tu veux mon avis. Mais vas-y, continue, j’aime quand tu te transformes en profiler. Dis-moi, par exemple, comment tu le vois, physiquement ?

— Une force de la nature. Une corpulence au-dessus de la moyenne. Il le faut, pour massacrer ainsi deux jeunes femmes en pleine santé, capables de se défendre et de se battre. Un individu normal n’y serait probablement pas arrivé seul.

— Et s’il avait un complice ?

— Non. Ses crimes sont trop narcissiques, trop personnalisés, trop élaborés. Il est le seul metteur en scène de ses actes, crois-moi. En revanche, je ne suis pas certain que son propre physique lui convienne. Il doit en avoir honte ou, du moins, il ne l’assume pas.

— Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

— Les yeux des victimes. Il les arrache à leur orbite. C’est, dans son esprit, une façon de ne pas être vu, et donc de ne pas être jugé sur son physique, en quelque sorte. De rester invisible.

— Un moyen radical, en effet, soupira Alex en se massant les tempes. Et la langue ? Les pouces ? Les orteils ? Tu en fais quoi ?

— C’est sa signature, celle qu’il s’est inventée. On a connu des tueurs

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