L'Homme qui voulait parler au monde by Arnaud Olivier

L'Homme qui voulait parler au monde by Arnaud Olivier

Auteur:Arnaud, Olivier [Arnaud, Olivier]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782743613617
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 2005-02-20T16:11:39.333000+00:00


À chaque question, les yeux tout ronds de Mama Dasse cherchaient à accrocher ceux de Léo.

— Michka est en prison, mais on lui interdit les parloirs, sous prétexte qu’elle n’est pas de la famille. En revanche la jeune fille à gauche se débrouille bien, elle occupe un emploi de solidarité comme magasinière à mi-temps dans un hypermarché.

— Et Codine, elle sait où je peux le trouver ?

— Un soir, Michka a eu des places pour le stade. À la sortie, Codine a disparu. Depuis, personne ne l’a revu.

La femme pleurait. Sans sanglots dans la voix, sans tremblement du visage, mais des larmes coulaient sur les joues en toute simplicité.

Impossible de poursuivre l’entretien. Ils se levèrent, Leïla étreignit longuement Mama Dasse dans ses bras tandis que Léo tendait la main.

— Si vous le retrouvez, je vous en supplie, dites-le-moi.

Ce fut au tour de la vieille femme de forcer sur l’énonciation, s’appliquant à ce que chaque mot soit compris de Léo. Pour fuir cette naufragée qui s’accrochait à lui comme à une planche et dont les larmes chaudes s’écrasaient en pluie d’acide sur ses poignets, il aurait tout promis, le retour des enfants égarés, les dérogations de parloir et plus encore.

*

Pendant qu’il écopait le toit du Saphir, Léo chiffrait les promesses non tenues que personne ne réclame.

Il avait beaucoup plu pendant qu’ils étaient chez Mama Dasse et l’inscription était illisible, immergée sur plus de la moitié.

Debout sur le parapet Leïla prenait une pause, les bras croisés serrés sous la poitrine comme elle aimait à le faire, mais trop près du bord au goût de Léo.

— Le Sahara, il paraît qu’à perte de vue ce sont des dunes de sable et du soleil, ici ce sont des toits d’immeubles et de la pluie. Il y a des similitudes.

— Plutôt humide comme désert !

Comme récipients, ils n’avaient trouvé que des plastiques d’emballages, mais ils firent suffisamment baisser le niveau pour finir de dénoyer le graffiti à l’aide de vaguelettes créées de la main.

DIEU, PARDONNE-MOI !

Une interpellation qui généralement n’attend pas de réponse.

— C’est ce qui est peint sur le béton. Dieu, pardonne-moi. Vous aviez vraiment recopié n’importe comment.

Il avait pensé naïvement que dévoiler le texte dévoilerait l’auteur.

— Vous croyez que c’est le tueur qui a marqué ça ? Ça ressemble plutôt au testament d’un suicidé.

Leïla avait en partie raison, implorer le pardon du Ciel animait les victimes autant que les bourreaux.

Tandis qu’il réfléchissait immobile dans la flaque, la jeune femme entreprit des allers-retours sur la corniche profilée comme une poutre olympique.

— S’il s’est suicidé, la bombe de peinture est peut-être encore sur le toit ! On devrait la chercher.

Leïla s’était arrêtée face à lui, la ceinture de son jean à hauteur de sa bouche. Trente-six de tour de taille ! L’ordinateur central excellait dans la confidence mais il compliquait les spontanéités.

Léo aurait dû profiter de ce nouvel horizon à portée de lèvres, passer ses bras autour des hanches, glisser sa tête sous le blouson puis le lainage, coller sa joue contre la peau tiède du ventre.



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