Les Portes de Doregon by Carina ROZENFELD

Auteur:Carina ROZENFELD [ROZENFELD, Carina]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: L'Atalante
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Moone

Une journée tranquille en Doregon…

Garmon était allé pêcher en barque avec un de ses amis du village un peu plus loin sur le fleuve. Il avait vissé un large chapeau de paille sur sa tête perpétuellement ébouriffée pour se protéger du soleil qui tapait fort. Puis il était parti en sifflotant étrenner le nouveau matériel qu’il s’était offert sur Terre.

Josh se battait avec Bertrand. C’était leur petit rendez-vous quotidien. Bertrand était né en Doregon, fils du créateur d’un monde entièrement végétal, un ancien botaniste qui voulait expérimenter sa théorie de l’évolution des plantes. Il avait passé la fin de sa vie dans son univers, à collecter toutes les informations possibles sur les fleurs qu’il avait imaginées et fait pousser dans sa bulle. Bertrand, quant à lui, ne s’était jamais intéressé aux fleurs. Il aimait les sports de combat et avait vécu quelques années sur Terre pour s’initier aux arts martiaux, à la boxe et à la lutte. Il était revenu vivre en Doregon pour offrir ses services au moment où ce monde avait pris l’apparence que je lui avais imaginée. Il trouvait amusant d’être un soldat en armure. Au moins, j’avais l’assurance que mon délire personnel avait fait un heureux ici !

Bertrand avait installé un véritable dojo dans les sous-sols du château (autant pour mes geôles imaginaires !) et il s’y entraînait avec les autres gardes. Josh, sur Terre, était déjà quelqu’un de très sportif, mais il manquait de temps pour pratiquer toutes les activités qu’il aurait eu envie d’essayer. Le dojo de Bertrand était une véritable aubaine pour lui. Ils avaient sympathisé et, depuis, ils s’affrontaient régulièrement. Après chaque combat, je retrouvais Josh couvert de bleus, dégoulinant de sueur mais heureux.

Pendant qu’il jouait à la guerre, si je n’étais pas en train de peindre, soit je m’enfermais dans la bibliothèque pour découvrir les œuvres glanées au fils des années par Garmon et ses prédécesseurs dans les différents univers, soit j’allais me promener avec Lamia dans les Interstices.

J’étais très attentive à l’évolution du monde en formation. Je savais qu’il était inutile d’être aussi présente puisque les lymbiotes viendraient me prévenir de tout changement important, mais je me disais que c’était ma première création d’univers en tant que futur Veilleur et je ne voulais en perdre aucune étape. Je me doutais que plus tard je serais blasée, un peu comme Garmon l’était aujourd’hui, attendant tout simplement les comptes rendus de Yarmon pour agir.

J’avais fait plusieurs incursions dans les Interstices pour étudier l’évolution de la bulle en création. Lamia était toujours heureuse de m’accueillir dans sa tête et nous nous glissions entre les parois mouvantes en silence, solitaires. Une fois devant le monde en gestation, j’étais attentive à tous les changements qui prouvaient que le processus avançait. Le battement que j’avais perçu la première fois décélérait, la pulsation diminuait de jour en jour, et Lamia m’expliqua que c’était parce que la création ralentissait. La lumière qui filtrait à travers la membrane était moins vive également. Bientôt, la préparation de ce nouvel espace à découvrir toucherait à son terme et je pourrais le visiter.

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