Les Imposteurs by François Cavanna

Les Imposteurs by François Cavanna

Auteur:François Cavanna [François Cavanna]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman, Humour
ISBN: 9782702883181
Google: p_FxPQAACAAJ
Éditeur: Presses de la Cité
Publié: 2003-01-14T23:00:00+00:00


*

L’Empereur, l’œil à la lorgnette, examine la bataille.

— Ça traîné, ça traîné ! Ça né finira pas avant la nouit. Ils s’amousent, les coquins ! Ney !

— Sire !

— Combien dé morts, zousqu’ici ?

— Deux cent mille, sire.

— C’est bien. Il faut cé qu’il faut. Voulez-vous faire activer les çoses ? Z’ai bal aux Touileries, cé soir, pour fêter la victoiré.

— Sire, on fait pour le mieux. Ces Anglais sont mauvais joueurs.

— Et Grouchy, il arrivé ?

— Justement, le voilà.

— Alors, ça va êtré nettoyé en moins dé deux. Cric, crac !

Dans un tourbillon de poussière, une armée de grands flandrins à cheval arrive au galop, taillant dans la masse à coups de sabre et chantant :

Napoléon est mort à Sainte-Hélène, etc.

À leur tête, un gracieux général au casque abondamment emplumé. Ils pénètrent dans la vieille garde qui s’éparpille en morceaux dans l’atmosphère. Un bras qui tient un sabre et une cuisse bottée tombent sur la table de l’Empereur. Celui-ci applaudit avec enthousiasme.

— Les bravés zens ! Bravo ! Zé né mé souis pas amousé autant dépouis Austerlitz.

— Sire, je me permets de faire respectueusement remarquer à Votre Majesté que ce sont les Prussiens de Monsieur de Blücher, et que ces débris qui tombent, c’est votre vieille garde.

— Ma, c’est pas possiblé ! Écoutez : ils disent « Vivé Napoléon ».

En effet, on entend, au-dessus, du vacarme, retentir par trois fois ce cri.

— Éon ! Éon ! Éon !

— Hélas, Sire, ce n’est que le cri de l’oiseau de mauvais augure qui gîte sur la tête de ce bélître aux façons efféminées. Tout est perdu, Sire, sauve qui peut !

À ce moment, percé de toute part, le général Cambronne tombe. Il veut crier quelque chose de bien senti mais, comme il ouvre la bouche, un godillot anglais lui écrase les gencives et c’est autant de perdu pour la postérité.

L’Empereur trépigne.

— Il y a oun erreur quelqué part ! Cé pétite Wellingtoné s’est trompé ! Il faut récommencer à zéro.

— Sire, c’est terminé.

— Ah mais, ça né sé passéra pas commé ça ! Zé veux mourir ! Zé mé zetté dans la fournaisé ! Zé souis déshonoré ! Ouné, deux, trois, z’y vais.

— Sire ! Non ! Vous vous devez à votre peuple !

— Vous y avez mis lé temps ! Ouille, qué vous me serrez fort ! Laissez-moi, zé veux mourir ! Laissez-moi…



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