Les héritiers du fleuve - T 1 1887-1893 by Louise Tremblay-D'Essiambre

Les héritiers du fleuve - T 1 1887-1893 by Louise Tremblay-D'Essiambre

Auteur:Louise Tremblay-D'Essiambre [Tremblay-D'Essiambre, Louise]
La langue: fra
Format: epub
Tags: GIGA Roman historique
ISBN: 9782894556726
Éditeur: Éd. Guy Saint-Jean
Publié: 2013-09-05T04:00:00+00:00


DEUXIÈME PARTIE

Été 1891 ~ Été 1893

CHAPITRE 8

Sur la Côte-du-Sud, début septembre 1891,

au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière

Aidé par un confrère de classe, Lionel avait monté sa lourde malle jusqu’au dortoir. Il avait peu de choses à transporter et il aurait préféré utiliser une petite valise comme plusieurs de ses compagnons, mais sur ce point, Emma, catégorique, avait tenu son bout.

— C’est tout ce qu’on a, avait-elle constaté dans la poussière mordorée du grenier qui dansait à contrejour devant la fenêtre en forme de hublot. Si cette malle-là était assez bonne pour transporter ma dot de Pointe-à-la-Truite jusqu’ici, elle devrait faire l’affaire pour trimbaler ton petit bagage jusqu’au collège. Aide-moi à la descendre pis je veux plus en entendre parler, m’as-tu compris ?

Depuis que sa mère lui avait ouvert tout grand les portes du collège, Lionel n’osait plus lui tenir tête. Sait-on jamais, s’il fallait qu’elle change d’idée !

Aujourd’hui âgé de dix-sept ans, il était pensionnaire au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière depuis deux ans déjà. Le jeune homme qu’il était devenu détestait la promiscuité du dortoir. Cette longue pièce aux lits cordés les uns à côté des autres n’offrait aucune intimité, mais comme ce n’était guère mieux chez lui, il avait appris à s’en contenter. Il y dormirait tous les soirs jusqu’à la Toussaint, première sortie autorisée pour les pensionnaires du collège.

Face à son lit, Lionel disposait de deux petits tiroirs dans un long meuble blanc qui longeait tout un mur du dortoir. Cette sorte de longue commode, construite en même temps que le collège, servait à ranger les quelques vêtements civils que les étudiants pouvaient porter durant les fins de semaine. Les deux tiroirs suffisaient donc amplement puisque, depuis quelques années, tous ceux qui fréquentaient le collège devaient porter le « suisse », uniforme obligatoire que sa mère avait acheté de seconde main à un ancien élève.

— C’est à prendre ou à laisser, mon garçon. Tu acceptes ce vieux costume ou tu laisses tomber l’école pis tu rejoins ton père aux champs. J’ai pas les moyens de t’acheter des vêtements neufs.

— Pis monsieur le curé, lui ?

Emma avait levé les yeux au ciel.

— Faudrait pas pousser ta chance trop loin, Lionel, ni ton père dans ses derniers retranchements.

Lionel avait donc serré les dents et ravalé sa déception. Au moins, irait-il au collège dès le mois de septembre ; c’était un gros acquis.

Un acquis dont sa mère était finalement la seule et unique instigatrice, il ne devait surtout pas l’oublier.

Lionel avait peut-être mauvais caractère, il n’en était pas moins intelligent et pouvait comprendre ces choses-là. Il se promit donc d’être reconnaissant envers Emma au lieu de passer son temps à rouspéter. Ce serait sûrement à son avantage.

On était alors à l’été 1889, l’année où l’Irlandais était venu chez eux.

Un point tournant dans la vie de leur famille, d’ailleurs, que cette visite. En effet, à la suite du passage de l’Irlandais, plus rien, jamais, n’avait été pareil sous le toit de Matthieu Bouchard. À commencer par Matthieu lui-même.

Pourtant, James O’Connor n’était resté, tout au plus, qu’une petite heure, et on ne l’avait plus jamais revu par la suite.



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