Le serment 1 - Il était une fois un soldat - Mary Jo Putney by Mary Jo Putney

Auteur:Mary Jo Putney [Putney, Mary Jo]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2022-01-05T00:00:00+00:00

19

Une princesse se devait d’être distinguée, posée et gracieuse. Elle devait aussi être intelligente, compatissante et posséder un jugement sûr ; jamais arrogante, mais toujours consciente de son rang et de ses devoirs. Bref, être princesse demandait de sérieux efforts.

Il n’empêche qu’en dépit de toutes ses responsabilités, une princesse avait le droit de rêver.

Sofia jeta un coup d’œil oblique à l’homme chevauchant à ses côtés. Cette nuit, Justin Ballard lui avait rendu visite en rêve et elle ne s’était pas montrée tout à fait distinguée en sa présence. À ce souvenir, un sourire involontaire lui incurva les lèvres.

Les multiples facettes de Justin l’enchantaient. Bien que britannique, il avait l’allure et le langage d’un natif du Portugal. Elle avait déjà constaté qu’il était capable de discuter avec n’importe qui, quel que soit son statut, un trait qu’il partageait avec son ami le major Masterson. Ses manières étaient simples et détendues. Et elle n’avait pas besoin de demander si ses affaires étaient florissantes car son assurance était flagrante. Elle n’avait jamais rencontré un homme comme lui.

Et puis, bien sûr, il était extrêmement séduisant. Dans son visage hâlé, ses yeux d’un bleu incroyable étaient non seulement perspicaces, mais ils reflétaient aussi humour et intelligence. Des yeux qui donnaient à Sofia l’envie de se pâmer comme une écolière.

Certes, une princesse digne de ce nom ne se pâmait pas devant de beaux yeux ou une carrure impressionnante. Mais après tout, elle avait droit d’avoir des pensées personnelles.

La journée avait commencé à l’aube lorsque Justin, le señor da Cunha et elle-même avaient examiné les boutures de vignes qui venaient d’arriver. Après avoir exprimé son approbation, le señor da Cunha avait prélevé la quantité de plants nécessaire pour les vignobles royaux et les avait confiés à son intendant, chargé de veiller à leur plantation. Après quoi, tous trois s’étaient mis en route avec un petit convoi de mules chargées du reste des boutures à distribuer. Alors qu’ils descendaient dans la vallée, les premiers rayons du soleil avaient dissipé la brume matinale, révélant San Gabriel dans toute sa splendeur.

Ravie à l’idée de la journée qui s’annonçait, Sofia lança son cheval au petit galop sur le flanc de la colline. Arrivée au sommet, elle s’arrêta et, d’un grand geste théâtral, elle désigna la vallée.

— Admirez mon pays !

Tout en bas, la rivière épousait les courbes de la vallée et, sur le flanc des collines escarpées, on apercevait les quintas, les vénérables domaines qui étaient le cœur et l’âme de la production viticole gabrileña. Les propriétaires vivaient et travaillaient dans des bâtiments en pierre vieux de plusieurs siècles, érigés au-dessus des spectaculaires cultures en terrasses.

— C’est très beau. Et assez semblable à la vallée du haut Douro, fit remarquer Justin en s’arrêtant près de Sofia.

Elle devina que son regard s’attardait sur les rangées de ceps calcinés.

— C’est un sacrilège de la part des Français d’avoir détruit toutes ces vignes, reprit-il.

— Et un grave manque de jugement venant d’un peuple qui aime le vin presque autant que les Gabrileños, renchérit le señor da Cunha en les rejoignant.

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