Le sang de nos pères (French Edition) by Guy Morant

Auteur:Guy Morant [Morant, Guy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: polar, procédure policière, roman policier, suspense, SAC
Éditeur: Nocturnal
Publié: 2020-04-29T22:00:00+00:00

31

Tout commença par un coup de fil. Alaric sortait de la salle de repos. Il n’avait qu’une idée en tête : récupérer les procès-verbaux que Peresse lui avait promis. Il lut le nom sur l’écran de son smartphone : Laurence Cornil. Encore. Il se jura de réduire l’appel au minimum syndical.

— Autier.

— Ne me rembarrez pas.

Elle avait deviné.

— Je n’ai rien dit.

— Vous allez aimer.

— Je vous écoute.

— Nos amis de la section de recherche organisent une reconstitution du double meurtre. Votre client sera de la partie.

Il faillit jurer. Cette ordure de Peresse venait de raccrocher, et il avait trouvé le moyen de lui cacher l’info du jour.

— Ce ne sont pas mes amis. Les amis ne vous transmettent pas une procédure volontairement tronquée et falsifiée.

— QUOI ?

Elle avait crié, mais sans arriver à prendre un accent de surprise. Alaric lui exposa sobrement les faits.

— Il y a des règles, répondit-elle. Je vous encourage à me présenter une requête officielle pour que cette manipulation soit signalée.

C’est ça, de la paperasse en trois exemplaires, avec classement vertical obligatoire.

— Je doute que le responsable soit sanctionné. Je n’ai pas de temps à perdre avec ce genre de démarches.

— Vous n’avez pas tort. Alors, vous serez des nôtres à Chevreuse ?

Il prit le temps de peser sa réponse. Il était déjà convaincu que les gendarmes prenaient la mauvaise direction. Ils allaient encore essayer de prouver qu’Audiberti n’avait pu agir seul. Une telle reconstitution n’apporterait rien. À moins que…

— Il a un avocat ?

— Audiberti ? Oui, un commis d’office que je ne connais pas.

— Il faudrait l’éloigner. J’aurais besoin de parler seul à seul avec le suspect encore une fois.

À l’autre extrémité de la ligne, Cornil émit un son rauque.

— Si je vous dis que c’est impossible, vous insisterez jusqu’à ce que je cède.

— Probablement.

— Vous réalisez que vous me demandez d’occuper l’avocat et de dissimuler aux gendarmes un entretien qui ne devrait pas avoir lieu ?

C’était un bon résumé.

— Je sais que vous en êtes capable, Madame la Juge d’instruction.

Un peu de cirage pour faire glisser la décision.

— Dans ma voiture, sous la garde de deux policiers en qui vous avez confiance. J’arrangerai la rencontre à 15 h 30, une demi-heure avant le début de la reconstitution. Et je m’occuperai de l’avocat.

— Vous êtes…

— Plus tard, les compliments.

— J’apprécie beaucoup, Madame Cornil.

— Nous savons pourquoi nous faisons ça, n’est-ce pas, Monsieur Autier ?

— Oui : les enfants.

— Cela fait quatre jours et une nuit. Nous devons garder espoir.

— Je fais tout ce qui est en mon pouvoir. Nous avons avancé.

Pour elle, seul comptait le résultat. Elle aurait pu forcer la section de recherche à travailler avec la PJ, mais elle préférait les laisser se tirer la bourre.

— 15 h 30. Je ne vous attendrai pas.

— J’y serai.

Dès qu’elle eut raccroché, il retourna dans son bureau pour préparer la deuxième audition du suspect. Clémentine s’y trouvait déjà. Il l’informa :

— Je pars à Chevreuse. La SR organise une reconstitution à 16 h.

— Sans nous ?

— Apparemment.

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