Le Pont du diable by Dupuy

Le Pont du diable by Dupuy

Auteur:Dupuy
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: De Borée
Publié: 2015-01-01T00:00:00+00:00


Mission impossible

LE DEJEUNER PRIS AVEC SA MERE au restaurant d’Albertine et Dédé remontait déjà à près de trois mois et Juliette n’avait pas eu le temps de s’occuper des terrains de Sainte-Cécile. Les trois propriétaires rencontrés au printemps ne lui causaient pas souci, il suffirait de parler espèces sonnantes et trébuchantes pour rallumer la mèche et emporter le morceau. Ils avaient donné leur accord tacite. Elle jugea opportun de monter à Sainte-Cécile dès le début du mois d’août propice à la villégiature. Avec Joaquim, ils passeraient inaperçus auprès de la gent locale qui les prendrait pour des touristes. Il leur restait encore trois autres propriétaires à visiter, y compris ce vieux Firmin Roure qui détenait les plus grandes parcelles de chaque côté du Gardon.

Juliette courait plusieurs lièvres à la fois. Elle avait rencontré un vieux couple, propriétaire exploitant d’une droguerie vétuste en plein centre de Nîmes, à quelques enjambées des arènes. À deux reprises, elle leur avait rendu visite et leur avait proposé d’acquérir leur vaste boutique moyennant un peu de cash assorti d’une rente à vie reposant sur deux têtes pour renforcer leur retraite misérable. Son ami avocat avait confirmé ses dires par écrit aux vieux mariés qui tiraient le diable par la queue en fin de carrière. C’était sa première acquisition d’un fonds de commerce selon la formule du viager. Une méthode qui avait l’avantage de coûter peu cher en argent comptant, et donc, de ne pas imputer sa trésorerie qu’elle réservait en priorité pour les acquisitions des terrains de Sainte-Cécile.

Le conseiller du vieux couple venait de répondre favorablement et proposait un premier rendez-vous chez un notaire de Nîmes. Le versement d’une rente viagère avait appâté les vendeurs. Juliette avait joué la bonne carte. Ce versement passerait au même titre que le loyer en frais généraux et les travaux de réhabilitation de l’établissement, déductibles également du chiffre d’affaires, donneraient une plus-value immédiate à la boutique. Un commerce qui, compte tenu de son emplacement, deviendrait la plus huppée des parfumeries et le centre de soins de beauté le plus couru de la ville. Pour Juliette, ce serait l’apothéose. Une affaire florissante dans la capitale régionale assoirait définitivement sa notoriété. Elle pouvait compter sur sa fidèle Maria pour s’occuper des embauches et lancer la boutique à grands coups de publicités. Les marques de parfum et autres produits dérivés, dont elle était déjà dépositaire exclusive à Alès, seraient mis à contribution pour doper l’ouverture et collaborer aux frais financiers de l’opération.

Non sans un certain orgueil teinté d’un peu de vanité, Juliette, en ce milieu d’année 1964, savourait sa réussite professionnelle. C’est à mi-voix qu’elle s’entendit se dire :

– Ça y est ma fille, maintenant te voilà millionnaire !



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