L'allée des ormes rouges by Alain Paraillous

L'allée des ormes rouges by Alain Paraillous

Auteur:Alain Paraillous [Paraillous, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française, Thriller psychologique, Mystère, Terroir, vin
Éditeur: De Borée
Publié: 2023-03-22T23:00:00+00:00


5. En Gascogne, ce mot ne désigne pas un(e) habitant(e) de village, mais celui ou celle d’une ville, même aussi grande que Paris.

13

Aux premiers jours d’avril, un courrier de la préfecture annonça que les fonds destinés à la cave coopérative venaient d’être débloqués. Après de longs mois d’efforts, on arrivait enfin à bout de ce parcours du combattant. Jean eut une pensée émue pour Maurice Marchenoux, qui était à l’origine du projet. Ensemble, ils l’avaient porté à bout de bras, partageant les craintes, les inévitables atermoiements, et l’enthousiasme de la réussite. La construction des bâtiments allait pouvoir débuter. En juin au plus tard. Il fallait d’abord procéder à un appel d’offres permettant de choisir les devis les « mieux-disants ». Joie, joie, pleurs de joie. Toute l’équipe qui s’était investie dans le projet exulta. Une réunion eut lieu en présence de l’architecte qui fit appel à tout son talent pour égayer ce qui aurait pu n’être qu’un gros cube de béton. Il proposait notamment la création d’un vaste croissant sur la façade afin d’en rompre la monotonie. L’idée ne manquait pas de pertinence, et fut approuvée à l’unanimité, même si le maire, qui avait effectué son service militaire en Algérie, fit remarquer que cet ajout décoratif risquait de conférer au bâtiment l’allure d’une mosquée. La remarque provoqua quelques sourires, sans que le projet soit repoussé pour autant. La réalisation était maintenant toute proche. Néanmoins chacun savait bien que la cave ne serait pas achevée avant deux ans, et qu’il faudrait encore plusieurs mois supplémentaires pour la rendre opérationnelle.

C’est donc le cœur léger que, le matin de Pâques, Jean démarra la Simca 8 pour emmener Élisabeth au bord de la mer. Son choix se porta sur Biscarrosse. Il avait d’abord pensé à Soulac, mais la cité balnéaire, à l’extrémité de la Gironde, était plus éloignée. Surtout, Jean ne tenait pas à rencontrer son oncle Joseph, la tante Nadia et leurs filles, qui se rendaient souvent à la villa « Ouf ! ». Non qu’il eût le moindre ressentiment à leur égard, simplement il désirait l’intimité absolue pour cette escapade. Élisabeth était aux anges, et les cloches semblaient voler à travers les pignadas qui jalonnent l’itinéraire. Le temps était resté gris jusqu’à l’avant-veille mais, comme disaient les anciens : « À Pâques, le voile se déchire. » Le vieux dicton ne mentait guère. Le soleil resplendissait à travers un océan d’arbres qui paraissait infini, interrompu seulement par des villages forestiers dont les scieries demeuraient l’activité principale. Les dômes aux aiguilles vert sombre se paraient de fleurs juste écloses, dorées, brillantes comme les chandelles des arbres de Noël. Il s’en échappait un entêtant parfum balsamique dont les effluves se mêlaient aux senteurs résineuses des planches fraîchement sciées. Une douce tiédeur pénétrait l’habitacle de la voiture.

Il était près de midi lorsque la Simca 8 atteignit l’entrée de la station. Avant d’aller se restaurer, Élisabeth voulut d’abord voir la mer. Cette étendue sans fin fut pour elle un éblouissement. Des troupeaux de vagues déferlaient, puis se retiraient en laissant des lainages d’écume.



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