Laissez tomber la fille by San-Antonio & San-Antonio

Laissez tomber la fille by San-Antonio & San-Antonio

Auteur:San-Antonio & San-Antonio
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fleuve Noir


Je suis le type qui remplace le beurre

Et comment que je suis le type qui remplace le beurre ! Y a que dans les romans de Maurice Leblanc ou de Max-André Dazergues qu’on voit des zèbres grand format. Des zigs qui se taillent d’une île en feu entourée de crocodiles élevés à la Quintonine… Dans la vie ces faits sensationnels sont beaucoup plus rares. La preuve c’est que lorsqu’un petzouille a les flics à ses trousses, même des bignolons de sous-préfecture, neuf fois sur dix ils se font choper.

La façon dont je me tire de l’impasse est magistrale. Les chleux sont tellement ahuris qu’ils en oublient de faire marcher leur moulin à café. Quand ils réagissent je tire ma brasse en direction de la rive où sont amarrées une cinquantaine d’embarcations. Des petits jets d’eau poussent autour de moi comme des champignons. Ils peuvent tirer ! maintenant je les enchose à pied, à cheval et en dirigeable. Même s’ils me butent, je leur échapperai. Néanmoins, comme j’aime mieux leur échapper vivant que mort, je me remue. Je nage entre deux eaux et n’émerge que de loin en loin pour respirer. Enfin j’atteins les barques. Je me glisse au milieu d’elles de façon à ne plus craindre les balles, puis je me glisse sous le ventre d’une espèce de chaloupe et j’attends. Un morceau de chaîne pend de l’embarcation. Je m’y cramponne. Maintenant, me voilà paré du côté allemand. Ce n’est plus avec eux que je dois me bagarrer car, où je suis, il est impossible qu’ils me trouvent, mais c’est avec le général hiver. Il fait un froid de canard. Une tranche de thon congelé est plus à son aise que moi… Pourtant il faut que j’attende, y a pas ! Tant que les sulfatés n’auront pas gerbé, je courrai le plus grave danger. Le plus grave danger est une expression toute faite qui signifie que votre peau ne vaut pas le prix d’une coquille d’escargot vide… Au bout de dix minutes je ne sens plus le froid. Un lent engourdissement m’envahit. Mon sang bourdonne dans mes oreilles. Mes doigts sont soudés à la chaîne. Ma poitrine est prise dans un corset d’acier qui se resserre. Et pas moyen de bouger ! D’ac, je dis adieu à la vie. Dans quelques jours, un patron de bistrot découvrira le gars San-Antonio en brisant un bloc de glace. Je serai bien conservé. À la minute présente, toute ma sympathie va à Paul-Émile Victor… Voilà un copain qui a un drôle de cran pour aller faire des virouzes dans les solitudes glacées du Grand Nord, comme disent les actualités… Bon Dieu ! dire qu’en ce moment y a des mecs qui sont bien au chaud avec leurs os, en train de chanter Minuit chrétien en s’embrassant à pleine bouche. Je donnerais la moitié de la rue de Rivoli pour un petit brasero en état de marche. Je jure que si je me tire de là, je cavalerai au plus proche hameau pour y prendre un bain de vapeur.



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