L’impossible pardon by Martine Delomme

Auteur:Martine Delomme [Delomme, Martine]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782298160352
Éditeur: France Loisirs
Publié: 2020-01-16T14:59:10+00:00

19

Marion monta dans sa chambre et posa son sac de voyage sur le lit. Elle rangea les produits de toilette dans la salle de bains et accrocha ses vêtements dans la penderie. Elle sentit une vive émotion en retrouvant le cocon de son enfance. C’était dans sa chambre de jeune fille que Romain et elle dormaient quand ils venaient en week-end à Apt. Elle apprécia la délicatesse de sa mère, qui avait réussi à modifier le décor de la pièce dans des délais aussi brefs. Elle avait changé le boutis et les rideaux, avait interverti les places de la commode et du petit bureau.

Sa famille avait prévu qu’elle arriverait beaucoup plus tard, et Élise, sa belle-sœur, avait emmené les enfants déjeuner en ville avant d’assister à un spectacle en plein air. Marion ouvrit la fenêtre qui donnait sur les jardins et prit le temps de décompresser après la fatigue du voyage, qu’elle avait effectué d’une seule traite. Elle s’attarda un moment à contempler les massifs aux fleurs multicolores, l’allée bordée d’hortensias qui menait à la piscine. Elle ferma un instant les yeux, respira. Des senteurs de roses, d’herbe fraîchement coupée, montèrent jusqu’à elle. Elle pensa à Lucas… Elle se rafraîchit et redescendit dans le séjour. Grâce aux volets roulants à demi baissés, la pièce baignait dans une douce atmosphère. Elle jeta un regard attentif sur cet espace qui lui était si familier. Les murs aux nuances orangées, les meubles de style provençal, la cheminée carrelée de mosaïque et ce parquet qui craquait toujours par endroits en dépit de la moquette. C’était la maison de famille, où on se retrouvait, où chacun s’était construit un terreau d’émotions, de souvenirs heureux que la vie et ses embûches ne pourraient jamais effacer.

La maison de mon enfance, pensa Marion.

Et c’était comme si sa tristesse, soudain, lâchait prise.

Elle chercha sa mère, l’aperçut au fond du jardin. Un panier en osier à la main, Victoire cueillait des framboises. Elle posa son panier, prit sa fille dans les bras et l’embrassa tendrement.

— Je ne t’attendais pas si vite, chérie ! Tu es bien installée ?

— Oui. Merci, maman, pour les petits changements. Je t’aime, tu sais ? Je vais embrasser papa à l’usine et je reviens t’aider. Je suppose que tout le monde dîne là ce soir ?

— Tu as vu juste, nous serons dix !

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