La vie rêvée des chaussettes orphelines by Vareille Marie

La vie rêvée des chaussettes orphelines by Vareille Marie

Auteur:Vareille, Marie [Vareille, Marie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance contemporaine
Éditeur: Éditions Charleston
Publié: 2019-06-11T22:00:00+00:00


Journal d’Alice

Londres, 2 février 2012

Salut Brubruce,

Un moment que je n’ai rien écrit. Pas la motivation. Pas de nouvelles de Scarlett, elle me manque. Je devrais l’appeler, mais c’est toujours elle qui fait le premier pas quand on se dispute. J’ai arrêté d’aller chez le psychologue. Ça ne sert à rien. Je suis allée chez la gynécologue à la place et je lui ai demandé comment je pouvais faciliter le processus. J’ai commencé à prendre des hormones en cachets avec mon café au petit déjeuner pour stimuler mon ovulation.

Il y a clairement un effet, même si pour le moment, ce n’est pas celui escompté : mes poils ont poussé treize fois plus vite, j’ai pris trois kilos et j’ai plus d’acné qu’un adolescent atteint de la varicelle. Accessoirement, je suis d’une humeur massacrante et épuisée alors que je croule sous le travail.

En parallèle, j’ai tout arrêté. Le psy, le fertility-yoga, l’huile d’onagre et mon coach d’ovaires.

Je reviens t’écrire ici, Bruce, parce que j’ai l’impression qu’écrire me permet de mettre de l’ordre dans mes idées. Non pas que tu sois d’une grande aide, honnêtement, mais je fais avec les moyens du bord.

Hier, nous avons discuté avec Oliver de la possibilité de faire une fécondation in vitro. Il l’avait déjà évoquée et j’avais déjà refusé. Ce n’est pas ce que j’imaginais pour mon bébé. Je voulais qu’il soit conçu dans l’amour, pas dans une éprouvette. Peut-être parce que je suis moi-même issue d’une FIV… Je ne sais pas. Je viens d’avoir vingt-sept ans, ce n’est pas comme si j’en avais soixante-trois. Mais, il faut se rendre à l’évidence, je ne tombe pas enceinte et Oliver, lui, va sur ses trente-sept ans… Je lui ai donc promis d’y réfléchir.

Je n’aime pas mon corps, Bruce, j’ai l’impression qu’il me trahit, qu’il ne fait pas ce qu’il devrait faire, qu’il est incapable de réussir ce que tout le monde réussit facilement depuis la nuit des temps. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si j’étais capable de faire des enfants avant d’en vouloir un. Vu l’historique de mes parents, j’aurais peut-être dû, mais depuis que je suis avec Oliver, je me suis toujours imaginée avec des enfants. Je les ai toujours aimés. Dès treize ans, j’ai multiplié les baby-sittings dans le quartier, plus par plaisir que pour cumuler de l’argent de poche. Les bébés surtout, avec leur amour gratuit, leur air confiant et leur blablatage enthousiaste me faisaient fondre, leurs cris ne m’ont jamais dérangée et j’étais capable de les bercer pendant des heures.

J’ai attendu mes règles avec impatience. Plus, d’ailleurs, parce qu’elles annonçaient la fin de l’enfance que la possibilité d’une maternité dont l’idée, à quatorze ans, ne m’avait pas encore effleurée. Maman ne nous parlait pas de ces choses : ça ne se faisait pas. J’avais cependant acheté chez Walmart avec l’argent de mes baby-sittings un paquet de serviettes hygiéniques (les moins chères à deux dollars et dix cents le paquet) et je m’étais entraînée à plusieurs reprises, planquée dans les toilettes, à fixer une serviette sur ma culotte.



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