La Henriade by Voltaire

La Henriade by Voltaire

Auteur:Voltaire [Voltaire]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Poésie Epique
Éditeur: MariePath13 - Giga (MariePath13 - TAZ)
Publié: 1723-11-03T23:00:00+00:00


Chant VII

ARGUMENT

Saint Louis transporte Henri IV en esprit au ciel et aux enfers, et lui fait voir, dans le palais des Destins, sa postérité, et les grands hommes que la France doit produire.

Du Dieu qui nous créa la clémence infinie,

Pour adoucir les maux de cette courte vie,

À placé parmi nous deux êtres bienfaisants,

De la terre à jamais aimables habitants,

Soutiens dans les travaux, trésors dans l'indigence :

L'un est le doux Sommeil, et l'autre est l'Espérance.

L'un, quand l'homme accablé sent de son faible corps

Les organes vaincus sans force et sans ressorts,

Vient par un calme heureux secourir la nature,

Et lui porter l'oubli (les peines qu'elle endure ;

L'autre anime nos cœurs, enflamme nos désirs,

Et, même en nous trompant, donne de vrais plaisirs.

Mais aux mortels chéris à qui le ciel l'envoie,

Elle n'inspire point une infidèle joie ;

Elle apporte de Dieu la promesse et l'appui ;

Elle est inébranlable et pure comme lui.

Louis près de Henri tous les deux les appelle :

« Approchez vers mon fils, venez, couple fidèle. »

Le Sommeil l'entendit de ses antres secrets :

Il marche mollement vers ces ombrages frais.

Les Vents, à son aspect, s'arrêtent en silence ;

Les Songes fortunés, enfants de l'Espérance,

Voltigent vers le prince, et couvrent ce héros

D'olive et de lauriers, mêlés à leurs pavots.

Louis, en ce moment, prenant son diadème,

Sur le front du vainqueur il le posa lui-même :

« Règne, dit-il, triomphe, et sois en tout mon fils ;

Tout l'espoir de ma race en toi seul est remis :

Mais le trône, ô Bourbon ! ne doit point te suffire ;

Des présents de Louis le moindre est son empire.

C'est peu d'être un héros, un conquérant, un roi ;

Si le ciel ne t'éclaire, il n'a rien fait pour toi.

Tous ces honneurs mondains ne sont qu'un bien stérile,

Des humaines vertus récompense fragile,

Un dangereux éclat qui passe et qui s'enfuit,

Que le trouble accompagne, et que la mort détruit.

Je vais te découvrir un plus durable empire,

Pour te récompenser, bien moins que pour t'instruire.

Viens, obéis, suis-moi par de nouveaux chemins :

Vole au sein de Dieu même, et remplis tes destins. »

L'un et l'autre, à ces mots, dans un char de lumière,

Des cieux, en un moment, traversent la carrière.

Tels on voit dans la nuit la foudre et les éclairs

Courir d'un pôle à l'autre, et diviser les airs ;

Et telle s'éleva cette nue embrasée

Qui, dérobant aux yeux le maître d'Élisée,

Dans un céleste char, de flamme environné,

L'emporta loin des bords de ce globe étonné.

Dans le centre éclatant de ces orbes immenses,

Qui n'ont pu nous cacher leur marche et leurs distances,

Luit cet astre du jour, par Dieu même allumé,

Qui tourne autour de soi sur son axe enflammé :

De lui partent sans fin des torrents de lumière :

Il donne, en se montrant, la vie à la matière,

Et dispense les jours, les saisons, et les ans,

À des mondes divers autour de lui flottants.

Ces astres, asservis à la loi qui les presse,

S'attirent dans leur course, et s'évitent sans cesse,

Et, servant l'un à l'autre et de règle et d'appui,

Se prêtent les clartés qu'ils reçoivent de lui.

Au delà de leur cours, et loin dans cet espace

Où la matière nage, et que Dieu seul embrasse,

Sont des soleils sans nombre, et des mondes sans fin.



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