La Galerie des jalousies 3 by Marie-Bernadette Dupuy

La Galerie des jalousies 3 by Marie-Bernadette Dupuy

Auteur:Marie-Bernadette Dupuy [Dupuy, Marie-Bernadette]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782894316900
Éditeur: Les Éditions JCL
Publié: 2017-03-22T04:00:00+00:00


13

Dans la chaleur de juillet

Coron de la Haute Terrasse, jeudi 14 juillet 1921

Maria et Stanislas prenaient possession de leur nouveau logement. Le déménagement avait débuté de bon matin avec l’aide d’Henryk et de Jerzy, deux des compatriotes d’Ambrozy qui avaient réussi à acheter en commun une fourgonnette.

— La maison est vraiment plus ensoleillée que la tienne, fit remarquer Maria. Thomas nous a laissé la plupart des meubles, en plus.

— Pardi, ce sont ceux que j’avais achetés pour équiper le ménage de ma fille! Il y avait intérêt qu’ils restent là! bougonna-t-il. Enfin, nous avons casé tout notre bazar. Nous pourrons coucher du monde, là-haut.

— Eh oui! Trois chambres, c’est une aubaine.

Jolie brune de quarante-quatre ans aux boucles d’un brun roux, Maria considérait la cuisine d’un œil enchanté. Un autre détail comptait dans sa satisfaction; elle aurait Honorine Marot pour voisine, et non plus des mineurs polonais célibataires, hormis deux ou trois, dont les épouses parlaient à peine le français.

— J’espère que tu m’emmèneras à la fête foraine! dit-elle d’un ton câlin. Je n’en profitais jamais quand j’habitais à Livernières.

Pour célébrer la fête nationale, le maire de Faymoreau avait fait des efforts, cette année. Les rues s’ornaient de guirlandes en papier coloré, alors que le drapeau français flottait au-dessus de la porte de l’école et de la mairie. Une buvette, un stand de tir, une confiserie et un jeu de chamboule-tout avaient été installés sur l’esplanade de l’Hôtel des Mines, ainsi qu’un manège pour les enfants.

— Je n’ai pas tellement envie d’aller faire le pitre, répondit Stanislas. De monter les bois de lit et l’armoire en pin m’a éreinté. De plus, j’embauche demain matin. Ce n’est pas tous les jours congé, à la mine.

Maria pinça les lèvres, déçue, sans renoncer cependant à convaincre son mari un peu plus tard. Elle se mit à chantonner, tout en triant une panière de linge.

— Tu es bien gaie, toi! s’étonna-t-il. Ne te fais pas d’idée, quand je dis non, c’est non.

— Ne sois pas grincheux. Si tu es fatigué, je sortirai seule ou avec madame Marot. Repose-toi donc! Je vais préparer un potage au vermicelle et une omelette à l’oseille; j’en ai cueilli dans le jardin. Il est bien tenu, le jardin, hein? Ton gendre en prenait soin.

— De ça et d’autre chose! marmonna le Polonais.

Elle s’approcha de lui et noua ses bras autour de sa taille en quémandant un baiser. La sensualité de sa seconde épouse avait surpris Stanislas, qui croyait toutes les femmes aussi tièdes et pudiques au lit que sa belle et regrettée Hannah.

— Ne cherche pas à m’amadouer, dit-il sur un ton radouci.

— Idiot, comme si tu étais le genre d’homme qu’on peut amadouer! Je t’aime, voilà.

— Moi aussi, je t’aime, Maria, mais je n’ai pas l’habitude de le dire à tout bout de champ ni de faire des mamours en plein jour.

Il caressa sa joue, puis se dégagea de son étreinte. Le front barré d’un pli soucieux, il fit le tour de la table et alla ouvrir un des tiroirs du buffet.



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