La fuite by C.L. Taylor

Auteur:C.L. Taylor
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Marabout
Publié: 2021-02-06T00:00:00+00:00

Je me lève, prenant soin de ne pas perturber Elise, en boule sur la couette avec Effie l’éléphant entre les bras. Elle s’est endormie dans la voiture. Elle n’a pas bronché quand je l’ai portée dans les escaliers du bed and breakfast et l’ai allongée sur le lit double. Avant même que nous descendions du ferry, j’avais décidé de ne pas passer la nuit à Rosslare. Les Britanniques y étaient trop nombreux, et avec notre photo qui s’étalait sur tous les journaux que je croisais, je tenais à m’éloigner le plus possible du port. Du coup, nous avons pris en direction de Wexford. Quand j’ai repéré un B & B avec un panneau « chambres libres » à la fenêtre, il était dix-neuf heures. La propriétaire, une petite femme mince, aux cheveux teints en noir, avec des lunettes et les pommettes creusées, a répondu poliment à la porte, non sans froideur. Oui, elle avait une chambre. Oui, nous pouvions rester une nuit. En revanche, elle souhaitait être payée en avance. J’ai adressé au ciel une prière silencieuse de remerciements pour le bureau de change sur le ferry et ai déposé cinquante euros dans sa paume tendue.

Je ferme les rideaux. Demain matin, j’emmènerai Elise se promener afin de chercher un téléphone public pour informer maman que nous allons bien. J’informerai Helen aussi, si j’ai le temps. J’ai vu suffisamment de films policiers pour savoir qu’ils mettent les téléphones sur écoute quand ils veulent repérer les personnes disparues ou les tueurs en série. Si l’appel est court, localiser son origine leur est impossible, paraît-il. Il serait peut-être plus sûr de téléphoner dans la matinée, avant que nous partions pour la côte.

J’entre dans la salle de bains pour utiliser les toilettes. Quand je me relève, des points noirs dansent devant mes yeux. J’agrippe le lavabo pour ne pas perdre l’équilibre. J’ai à peine dormi depuis Dieu seul sait combien de temps. J’ai passé une nuit blanche dans la caravane. Chaque fois que j’envisageais de m’assoupir, un bruit sourd ou un claquement venu de l’extérieur m’obligeait à la vigilance. Ici, dans cette chambre mansardée, je me sens moins exposée. Il n’y a qu’une issue de secours possible, par les escaliers, mais il y a un toit plat à environ six mètres sous nos fenêtres. En cas d’incendie ou d’urgence, j’aiderais Elise à descendre le long d’un drap et trouverais le moyen de m’en sortir. Ne pas y penser maintenant. J’ai besoin de me reposer.

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