La femme du photographe (French Edition) by Nick Alexander

La femme du photographe (French Edition) by Nick Alexander

Auteur:Nick Alexander [Alexander, Nick]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2015-12-14T23:00:00+00:00


•••

Sophie soulève les sacs en papier sur le plan de travail de la cuisine et laisse échapper un long soupir. Derrière elle, Brett fait son apparition dans l’embrasure de la porte. Il semble content de lui, sans qu’elle sache pourquoi. Tendant les bras au-dessus de sa tête, il s’accroche au chambranle et la gratifie d’un sourire.

— Ah, des victuailles. Super ! Je meurs de faim.

Sophie lui coule un regard de biais, hausse un sourcil, et entreprend de ranger les courses. Lorsque Brett approche sans bruit pour jeter un coup d’œil dans l’un des sacs, elle le chasse d’une petite tape sur la main.

— Houlà, on est d’humeur tyrannique, aujourd’hui, ironise Brett. Ça me plaît.

— Pas moi, maugrée Sophie en arrachant l’emballage en carton d’un pack de yaourts qu’elle range ensuite dans le réfrigérateur.

— Ai-je fait quelque chose de mal, maîtresse ?

Cette boutade tombe tellement à côté de la plaque, vu les circonstances, que Sophie se demande si Brett la connaît réellement.

— Tu…

Elle se tait, soupire.

— Tu pourrais peut-être m’aider, reprend-elle après avoir maîtrisé l’irritation qui perçait dans sa voix. Et tu pourrais même aller faire les courses, de temps en temps, au lieu de m’attendre à la maison la langue pendante, comme un toutou mal éduqué.

— Mmm.

Avec un manque d’entrain évident, Brett commence à vider un sac et empile les produits à la va-vite sur le comptoir.

— On a l’air méchamment contrariée, dis donc, reprend-il à mi-voix.

— C’est ça. On est méchamment contrariée.

— Je peux t’inviter au restau, si tu veux, propose Brett. Mais les courses au supermarché ne sont pas inscrites dans mon ADN, désolé.

Un tube de dentifrice dans la main, Sophie s’immobilise.

— Ça n’est pas inscrit dans ton ADN ?

Brett secoue la tête d’un air piteux.

— Et le ménage, alors ? demande Sophie en pointant le tube dans sa direction. C’est dans ton ADN, le ménage ?

— Pas vraiment, non. Raison pour laquelle j’emploie une femme de ménage.

— Super. Sauf que moi, je n’ai pas de femme de ménage. Alors si tu pouvais mettre de l’ordre dans ton bordel de temps en temps, ça m’arrangerait.

— Oui, maîtresse.

— Et arrête avec ces conneries de maîtresse par-ci, maîtresse par-là, ok ?

— Oui, maîtresse, réplique Brett avec insolence.

Sophie secoue la tête en laissant échapper un petit grognement désespéré. Et lorsque Brett lui effleure doucement l’épaule, elle le repousse d’un geste sec.

— Tu as eu une mauvaise journée, chérie ? demande-t-il avec sa vraie voix.

— Exactement, Brett. J’ai eu une très mauvaise journée.

— Ton rendez-vous à la National Gallery ?

— C’était l’horreur. J’ai mal à la tête rien que d’y penser.

— Bon… fait Brett en croisant les bras sur son torse, comme pour se protéger.

Confronté aux sautes d’humeur occasionnelles de Sophie, Brett passe rapidement de l’inquiétude à la sollicitude puis à l’irritation. La posture des bras croisés signale la phase intermédiaire.

— Allez, je t’invite au restau et tu me racontes tout, d’accord ?

— Je n’ai aucune envie de parler de ça, répond Sophie. Et je n’ai pas non plus envie d’aller manger au restau.



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