Je vous écris du Brésil (préf. Orsenna) by Gilles Lapouge & Érik Orsenna

Je vous écris du Brésil (préf. Orsenna) by Gilles Lapouge & Érik Orsenna

Auteur:Gilles Lapouge & Érik Orsenna [Lapouge, Gilles & Orsenna, Érik]
La langue: fra
Format: epub


Winston Churchill

Extraordinairement anachronique, moyenâgeux même et pourtant actuel, même aujourd’hui dix ans après sa mort, telle est l’image que les Français se forment de Churchill. À tel point que ce gigantesque « grand écart » qu’il faisait entre les temps de la Renaissance et ceux de la bombe thermonucléaire rend peut-être compte du génie de cet homme qui pouvait certes tenir sans cesse les premiers plans, fasciner en permanence, mais ne découvrait sa véritable dimension, comme les créatures fabuleuses, que dans les très grandes circonstances, celles qui tranchent le temps en deux, celles qui donc contiennent en elles à la fois du passé et de l’avenir. Si bien que si toute la carrière de Churchill fascine, que ce soit en Inde, chez les Boers, comme lord de l’Amirauté, comme trublion du parti conservateur, restent deux sommets – ceux-là où il s’est confronté au corps à corps avec le destin du monde : la Seconde Guerre, c’est bien évident, mais aussi le discours de Fulton, en mars 1946, quand la grande voix inspirée, qui venait d’être remplacée à Londres même par Attlee, annonçait une possible régression de l’humanité à l’âge de pierre et fixait à tout jamais une certaine figure du monde en parlant du « rideau de fer » – et si l’on se souvient que, dans l’assistance de Fulton, il se trouvait un certain Harry Truman, on admettra qu’elle n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

« Paix au peuple allemand ! Guerre à la tyrannie bolchevique ! » Bizarrement, dans ses débuts, il détestait plus violemment Lénine (l’Antéchrist) que Staline mais enfin, dans les deux cas, il faisait si bonne mesure que Lloyd George lui-même s’en alarmait, ainsi qu’il le disait dans ses Souvenirs de la conférence de la paix : « Churchill, avec une violence inconsidérée, se montrait partisan de faire la guerre aux bolcheviques. Son sang ducal se révoltait à l’idée que les grands-ducs pouvaient être définitivement éliminés de la Russie. » Ce « sang ducal » en effet, il fait partie, en France du moins, de l’image mythique de Churchill : et si l’on met ensemble son goût de la guerre, son amour des uniformes, sa haine des « moujiks bolcheviks », sa révérence pour l’Empire britannique, il est naturel que l’homme soit considéré comme le pur et parfait produit de cette grande aristocratie victorienne, élevé à Harrow, ayant donc hérité à la fois les vertus, le courage mais aussi tous les préjugés des hommes qui composent l’establishment britannique. En ce sens, le génie de Churchill aurait bien été de ne pas vouloir comprendre que les temps avaient changé, de ne pas concevoir que l’Angleterre était la reine du monde et de mettre tant de conviction à ses erreurs qu’elles finissaient par devenir vérité. Pourtant, si on détaille le personnage d’un peu plus près, il faut peut-être nuancer cette image.

Et, quelques mois plus tard, le 19 septembre 1946, il lançait une deuxième grande idée, celle d’une Europe unie si l’on voulait éviter « un second Moyen



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