Ice Limit by Douglas Preston & Lincoln Child

Auteur:Douglas Preston & Lincoln Child [Preston, Douglas & Child, Lincoln]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782841873906
Google: ke7TAAAACAAJ
Amazon: 2841873900
Éditeur: L'Archipel
Publié: 2002-06-04T22:00:00+00:00

Le Rolvaag

12h25

Glinn avança jusqu’aux hublots, sortant de sa poche une minuscule paire de jumelles. Il n’était pas surpris, car il s’attendait à revoir Vallenar. Sally sauta de son siège et le rejoignit à grandes enjambées.

— Mais il nous menace !

Glinn examina les mâts, puis les canons de quatre pouces. Il baissa ses jumelles.

— C’est du bluff.

— Comment le savez-vous ?

— Vérifiez avec le Slick 32.

Sally se tourna vers Howell.

— Effectivement, le Slick ne signale aucun radar de conduite de tir sur cette ligne de relèvement, confirma le second.

Sally regarda Glinn d’un air étonné.

— Vous avez raison.

Glinn lui tendit les jumelles.

— Les radars de contrôle de tir ne tournent pas. Il dirige ses canons sur nous mais il n’a aucune intention de tirer.

— Effectivement, admit-elle en lui rendant ses jumelles. Postez des hommes à l’avant et à l’arrière, monsieur Howell.

— Monsieur Garza, voulez-vous préparer notre salle de réception, au cas où ? dit Glinn.

Il rangea ses jumelles et jeta un coup d’œil à Puppup.

Avachi sur sa chaise, l’Indien caressait ses longues moustaches tombantes.

— Monsieur Puppup, j’aimerais faire un tour avec vous sur le pont, si vous le voulez bien.

Impassible, l’Indien se leva et suivit Glinn dans le couloir.

Dehors, le vent glacial qui balayait la baie faisait voler des moutons d’écume. Des morceaux de glace jonchaient le pont. Le petit vieillard sur ses talons, Glinn avança jusqu’à la proue arrondie. Il s’appuya contre un guindeau, les yeux tournés vers le contre-torpilleur. Maintenant que Vallenar les avait rejoints, il fallait anticiper ses actions. Il lança un regard de biais à Puppup. Le seul membre de l’expédition capable de l’éclairer sur Vallenar était également le plus difficile à cerner. Jusque-là, il s’était avéré incapable de prévoir les réactions du Yaghan qui, pourtant, s’entêtait à le suivre comme son ombre. Glinn trouvait son attitude étonnamment déstabilisante.

— Vous avez une cigarette ? demanda Puppup.

L’autre sortit un paquet neuf de sa poche, des Marlboro qui valaient leur pesant d’or. Il le tendit au vieil homme qui déchira le plastique et se servit.

— Des allumettes ?

Glinn lui présenta un briquet.

— Merci chef, dit Puppup, aspirant une longue bouffée de cigarette. Il fait un peu frisquet ici, aujourd’hui, vous ne trouvez pas ?

— Oui.

Il y eut un silence.

— Où avez-vous appris à parler l’anglais, monsieur Puppup ?

— Chez les missionnaires. Si j’ai reçu un peu d’instruction, c’est grâce à eux.

— L’un d’eux venait-il de Londres, par hasard ?

— Tous les deux.

Le patron d’EES attendit un peu, laissant l’Indien fumer. Même en tenant compte du fossé culturel qui les séparait, cet homme était particulièrement mystérieux. En fait, il n’avait jamais rencontré un être aussi opaque.

— Vous avez une bien belle bague, dit-il enfin, montrant d’un geste désinvolte un petit anneau d’or au petit doigt du vieil homme.

Celui-ci leva le doigt avec un sourire.

— C’est vrai. De l’or pur, une perle et deux rubis.

— Un cadeau de la reine Adélaïde, je présume ?

Puppup sursauta. Sa cigarette trembla, mais il se ressaisit aussitôt.

— Bien vu.

— Et qu’est-il arrivé au chapeau de la reine ?

Le Yaghan lui lança un regard curieux.

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