Glyphosate l'impossible débat by Gil Rivière-Wekstein

Auteur:Gil Rivière-Wekstein [Rivière-Wekstein, Gil]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Technology & Engineering, Agriculture, General, Social Science, Agriculture & Food
ISBN: 9782350610832
Éditeur: Le Publieur
Publié: 2020-04-05T22:00:00+00:00

Là encore, tout n’est qu’« un échafaudage intellectuel », estime François Belzile, professeur de phytologie à l’université Laval (Québec). Il dénonce même « une sorte de version biologique de la théorie du complot ». Interrogé par le quotidien québécois Le Soleil, le chercheur ne se contente pas de rejeter l’analyse statistique des deux militants antiglyphosate, il conteste catégoriquement la possibilité d’une altération de l’activité des enzymes cytochromes P450 (CYP) par le glyphosate, avancée par Seneff et Samsel dans leur publication. « D’abord, les CYP sont “une très vaste famille” d’enzymes qui peuvent varier beaucoup d’une espèce à l’autre, ce dont l’article ne tient pas compte. Ensuite, ils passent à côté du fait que le glyphosate a déjà été testé sur les CYP humains et qu’il ne les inhibe pas – sauf un, le poétiquement dénommé 2C9, mais cela implique des concentrations impossibles à atteindre en pratique dans le corps humain. Le pire, c’est que Samsel et Seneff citent eux-mêmes cette étude sur les CYP humains dans leur article, mais ils ont apparemment choisi d’ignorer les passages qui démolissaient leur thèse », révèle François Belzile.

Face à ses contradicteurs, l’attitude de Stephanie Seneff est symptomatique de ces chercheurs militants : « Je connais l’argument ! Il revient régulièrement sous la plume des industriels ou de leurs affidés », a-t-elle simplement réagi. Pourtant, les critiques les plus sévères portées sur les conclusions de ses travaux émanent de deux chercheurs difficilement soupçonnables d’être des affidés des industriels : Robin Mesnage et Michael Antoniou. Membres du conseil scientifique du CRIIGEN de l’avocate Corinne Lepage, Mesnage et Antoniou sont en effet plutôt connus pour leur engagement contre les pesticides de synthèse. Coauteur de plusieurs études sur le glyphosate avec Gilles-Éric Séralini, Robin Mesnage a rédigé à la fin 2013 une thèse au sujet des effets sur la santé à long terme des pesticides et des OGM.

En novembre 2017, en plein débat sur le glyphosate, les deux chercheurs ont publié un article fouillé intitulé « Faits et erreurs dans le débat sur la toxicité du glyphosate », se focalisant sur les travaux de Samsel et Seneff. Les deux responsables du CRIIGEN se proposent d’y examiner « la base probante de ces prétendus effets négatifs sur la santé et les mécanismes supposés être à leur origine ». Leur conclusion sera sans appel. Ceux-ci font notamment le reproche aux deux chercheurs américains de déformer certaines études citées. Et sur l’incidence de cancer lié à l’utilisation du glyphosate, Mesnage et Antoniou apportent la contradiction la plus radicale, pointant l’incompétence évidente de Samsel et Seneff, y compris dans les traitements statistiques les plus élémentaires. « Il est bien établi qu’il y a toujours un délai ou une période de latence entre l’exposition à un cancérogène et la formation et la détection d’un cancer, le délai variant en fonction du type de cancer. Ainsi, le fait que les augmentations de l’utilisation d’herbicides à base de glyphosate se chevauchent avec, par exemple, les pics d’incidences du cancer du sein, est plus révélateur d’une absence de connexion que d’un lien entre les deux phénomènes », écrivent les deux chercheurs.

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