Ethique, Droit et poloitique by Arthur Schopenhauer

Ethique, Droit et poloitique by Arthur Schopenhauer

Auteur:Arthur Schopenhauer [Schopenhauer, Arthur]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: www.schopenhauer.fr
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


(Iliade, chant II, vers 204). [42]

Autrement, comment serait-il possible que nous vissions partout et de tout temps des millions d'hommes - même des centaines de millions - se soumettre et obéir volontairement à un seul, parfois même à une femme, provisoirement aussi à un enfant, si l'homme ne possédait pas au fond de lui un instinct monarchique qui le pousse vers cette forme de gouvernement, comme vers celle qui lui convient le mieux ? Ceci en effet n'est pas le produit de la réflexion. Partout un homme est le roi, et sa dignité est généralement héréditaire. Il est en quelque sorte la personnification, ou le monogramme, du peuple entier, qui revêt par lui une individualité. En ce sens, il peut même dire à juste titre : « l’État, c'est moi ». C'est pour cette raison que nous voyons, dans les drames historiques de Shakespeare, les rois d'Angleterre et de France s'interpeller mutuellement par les noms de « France » et « Angleterre », et appeler « Autriche » le duc de ce pays [43]; cela vient de ce qu'ils se regardent en quelque sorte comme l’incarnation de leurs nationalités. Tout cela est conforme à la nature humaine; et, pour cette raison, le monarque héréditaire ne peut absolument pas séparer son bonheur ni celui de sa famille de celui du pays. C'est au contraire le cas le plus fréquent dans les monarchies électives, comme le montrent les États de l'Église. Les Chinois ne peuvent se faire une idée que du gouvernement monarchique; ils ne comprennent nullement ce que c'est qu'une république. Quand, en 1658, une ambassade hollandaise arriva en Chine, elle se vit forcée de présenter le prince d'Orange comme roi du pays; autrement, les Chinois auraient été tentés de prendre la Hollande pour un nid de pirates qui vivaient sans chef [44]. Stobée, dans un chapitre de son Florilège, intitulé : (t. II, pp. 256-263, édit. citée), a réuni les meilleurs passages où les anciens exposent les avantages de la monarchie. Bref, les républiques sont contre nature, artificielles, un produit de la réflexion; aussi ne constituent-elles que de rares exceptions dans l'histoire universelle. Il y a les petites républiques grecques, les républiques romaine et carthaginoise, rendues possibles aussi par le fait que les cinq sixièmes, peut-être même les sept huitièmes de la population, étaient des esclaves. Les États-Unis d'Amérique ne comptaient-ils pas eux aussi, en 1840, sur 16 millions d'habitants, 3 millions d'esclaves ? En outre, la durée des républiques de l'antiquité, comparée à celle des monarchies, a été très courte. Il est facile de fonder les républiques, mais difficile de les maintenir. C'est exactement le contraire avec les monarchies.



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