De la démocratie en Amérique by Alexis de Tocqueville

De la démocratie en Amérique by Alexis de Tocqueville

Auteur:Alexis de Tocqueville
La langue: fr
Format: mobi, epub
Publié: 2012-01-02T22:03:58+00:00


Des institutions républicaines aux États-Unis, quelles sont leurs chances de durée

L’Union n’est qu’un accident. — Les institutions républicaines ont plus d’avenir. — La république est, quant à présent, l’état naturel des Anglo-Américains. — Pourquoi. — Afin de la détruire, il faudrait changer en même temps toutes les lois et modifier toutes les mœurs. — Difficultés que trouvent les Américains à créer une aristocratie.

Le démembrement de l’Union, en introduisant la guerre au sein des États aujourd’hui confédérés, et avec elle les armées permanentes, la dictature et les impôts, pourrait à la longue y compromettre le sort des institutions républicaines.

Il ne faut pas confondre cependant l’avenir de la république et celui de l’Union.

L’Union est un accident qui ne durera qu’autant que les circonstances le favoriseront, mais la république me semble l’état naturel des Américains ; et il n’y a que l’action continue de causes contraires et agissant toujours dans le même sens, qui pût lui substituer la monarchie.

L’Union existe principalement dans la loi qui l’a créée. Une seule révolution, un changement dans l’opinion publique peut la briser pour jamais. La république a des racines plus profondes.

Ce qu’on entend par république aux États-Unis, c’est l’action lente et tranquille de la société sur elle-même. C’est un état régulier fondé réellement sur la volonté éclairée du peuple. C’est un gouvernement conciliateur, où les résolutions se mûrissent longuement, se discutent avec lenteur et s’exécutent avec maturité.

Les républicains, aux États-Unis, prisent les mœurs, respectent les croyances, reconnaissent les droits. Ils professent cette opinion, qu’un peuple doit être moral, religieux et modéré, en proportion qu’il est libre. Ce qu’on appelle la république aux États-Unis, c’est le règne tranquille de la majorité. La majorité, après qu’elle a eu le temps de se reconnaître et de constater son existence, est la source commune des pouvoirs. Mais la majorité elle-même n’est pas toute-puissante. Au-dessus d’elle, dans le monde moral, se trouvent l’humanité, la justice et la raison ; dans le monde politique, les droits acquis. La majorité reconnaît ces deux barrières, et s’il lui arrive de les franchir, c’est qu’elle a des passions, comme chaque homme, et que, semblable à eux, elle peut faire le mal en discernant le bien.

Mais nous avons fait en Europe d’étranges découvertes.

La république, suivant quelques uns d’entre nous, ce n’est pas le règne de la majorité, comme on l’a cru jusqu’ici, c’est le règne de ceux qui se portent forts pour la majorité. Ce n’est pas le peuple qui dirige dans ces sortes de gouvernements, mais ceux qui savent le plus grand bien du peuple : distinction heureuse, qui permet d’agir au nom des nations sans les consulter, et de réclamer leur reconnaissance en les foulant aux pieds. Le gouvernement républicain est, du reste, le seul auquel il faille reconnaître le droit de tout faire, et qui puisse mépriser ce qu’ont jusqu’à présent respecté les hommes, depuis les plus hautes lois de la morale jusqu’aux règles vulgaires du sens commun.

On avait pensé, jusqu’à nous, que le despotisme était odieux, quelles que fussent ses formes. Mais on



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