Disparitions à Versailles: Agents Virtu'elles, T1 (French Edition) by Virginie Platel

Auteur:Virginie Platel [Platel, Virginie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
ISBN: 9782375744727
Éditeur: Collection Infinity
Publié: 2018-03-20T23:00:00+00:00

Peu après, Élisabeth discute avec l’un des domestiques. Il s’agit de Monsieur Campan, qui la reçoit d’un air sec et froid et lui dit sur un ton de colère :

— C’était hier, Madame, que Sa Majesté vous attendait, et bien sûrement elle va se promener, et bien sûrement elle ne vous donnera pas séance.

Je suis choquée de voir avec quelle rudesse ce serviteur s’adresse à Élisabeth. Il incarne l’étiquette certes, mais tout de même !

Heureusement, la peintre, qui en a vu d’autres, ne se laisse pas intimider.

Elle lui répond qu’elle vient simplement prendre les ordres de Sa Majesté pour un autre jour.

C’est ainsi que le secrétaire du cabinet de la reine s’en va voir la souveraine. L’instant d’après, il nous fait entrer.

Cela en dit long sur l’amitié que porte la reine à Élisabeth et aussi sur son mépris de tout cet aspect protocolaire désuet.

D’un regard, j’interroge Élisabeth pour lui demander la permission de la suivre. Elle acquiesce un peu rapidement, trop pressée de présenter ses excuses. Nous la suivons donc, quelques pas en retrait.

Nous pénétrons alors dans la pièce principale des appartements privés de la souveraine, le cabinet de la reine, également appelé le cabinet doré. Il est revêtu de boiseries blanc et or ornées de sphinx et de trépieds antiques, et comporte une niche de glaces dont le cintre est drapé de soie. Comme me l’a expliqué Élisabeth, Marie-Antoinette a fait transformer les anciens appartements de Marie Leszczynska, l’épouse de Louis XV, de sorte que les miroirs et les grandes fenêtres contribuent à donner de la clarté à la pièce.

Jamais auparavant aucune reine ne s’était autant investie dans la décoration à Versailles. Elle fut la seule à imposer son goût personnel et à veiller sur les aménagements du château, créant ainsi ce fameux style Marie-Antoinette.

Au milieu des fauteuils bleu canard, des tables chargées de bibelots, dont des vases de Sèvres dits « à la chinoise », trônent un clavecin et une harpe.

Dans ce cabinet dont nul ne peut franchir le seuil sans une autorisation particulière, Marie-Antoinette donne ses audiences privées, reçoit les amis chers à son cœur, chante en s’accompagnant de ses instruments favoris, souvent avec Grétry comme professeur, et pose pour Élisabeth Vigée Le Brun. Les deux dernières fonctions n’étant pas incompatibles, comme je vais le découvrir.

Plusieurs personnes se tiennent dans la pièce et il me faut quelques secondes avant de réaliser que la femme à quelques pas de moi, penchée sur

une enfant, est la reine. Nous nous retrouvons plongées dans une scène d’une intimité touchante. Notre présence ne semble cependant pas la gêner, habituée qu’elle est à être toujours en représentation.

La reine tient un livre à la main pour faire répéter une leçon à sa fille, la jeune Madame Royale. Née en 1778, je compte que Marie-Thérèse-Charlotte a cinq ans. Cette demoiselle sera l’unique survivante, après la Révolution, des enfants de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Et dire que lors de son accouchement, la reine faillit perdre la vie…

Si seulement ses détracteurs pouvaient assister, comme nous, à

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