1945, l'empire rompu by Henri de Wailly

1945, l'empire rompu by Henri de Wailly

Auteur:Henri de Wailly [Wailly, Henri de]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782262040321
Éditeur: Perrin
Publié: 2012-01-01T05:00:00+00:00


Les deux nouveaux Etats déploient maintenant librement leurs ailes. Réunis le 21 juin à Damas, les gouvernements syrien et libanais publient un communiqué unique dans lequel ils déclarent « poursuivre une politique commune dans le but d’appliquer la résolution du Conseil de la Ligue arabe, de licencier tous les Français employés par les deux gouvernements et de travailler en vue du retrait de toutes les troupes françaises ». Le ministre des Affaires étrangères libanais précise à la presse que, de son côté, « le gouvernement britannique a promis de retirer ses troupes ».

Il n’est cependant pas aussi facile au Liban qu’en Syrie de déchirer le tissu d’amitié tissé depuis vingt-cinq ans, de liquider un capital de confiance accumulé depuis six siècles. Reste-t-il encore un espoir aux Français de rester ? Le 25 juin le général Beynet adresse ce télégramme au général de Gaulle : « La situation ne s’est pas améliorée. Le grignotage de nos positions continue. Tous les journaux qui nous étaient favorables sont l’objet de mesures coercitives. Les débats à la Chambre ont été pour nous catastrophiques. On les a interprétés comme un prélude au lâchage de nos positions ici. J’attends demain Ostrorog qui m’apportera sans doute vos instructions. Elles me seront précieuses, car je ne vois pas très bien ici quelle peut être notre position internationale en ce qui concerne le Levant. Tous nos moyens de défense sont détruits ou neutralisés. »

Ostrorog rapporte bientôt de Paris les instructions du ministre des Affaires étrangères : « A la lecture de vos télégrammes, écrit Georges Bidault à Beynet, il résulte que nos positions sont en voie de liquidation rapide en Syrie. Elles semblent exposées à subir le même sort au Liban dans un délai fort bref. Il apparaît évident que le gouvernement britannique ne nous laissera pas disposer librement de l’emploi de nos troupes, et fera obstacle à l’envoi de renforts. Il ne fera pas non plus usage des moyens dont il dispose pour assurer la sécurité des ressortissants et des biens français. » La seule solution qui semble envisageable au ministre consiste à retirer les troupes françaises, à transférer les troupes spéciales, à essayer de rétablir un contact avec les parlements syrien et libanais et à tenter de conserver des bases stratégiques. Ce document démontre, selon Maurice Albord, l’incapacité de la diplomatie française à prendre des positions claires et réalistes. En fait, Bidault repasse le problème à Beynet.

Ce qui surprend, c’est que Beynet demeure en place. A moins qu’il n’ait été qu’un caporal aux ordres, il est le responsable du bombardement sacrilège. Commandant une armée mal tenue, désorganisée et pillarde, il s’est montré un diplomate incapable : sa raideur a provoqué la catastrophe. Pourtant, il conserve sa place ! Pas un reproche, pas un commentaire, pas un mot dans les journaux. Il jouit, semble-t-il, d’une protection souveraine. Sans le décapiter comme Lally-Tollendal, sans le martyriser comme Dentz, peut-être aurait-on dû, dans un pays démocratique, le convoquer, comme Bazaine, afin qu’il s’explique sur un pareil désastre125. A Paris, seul



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