De l'ignorance et de l'aveuglement : pour une science postmoderne by Didier Raoult

De l'ignorance et de l'aveuglement : pour une science postmoderne by Didier Raoult

Auteur:Didier Raoult [Raoult, Didier]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-10-13T22:00:00+00:00


Chapitre 11

F. Nietzsche : « l’hypothèse selon laquelle tout se passe dans l’univers de manière à justifier la raison humaine est une candeur, une hypothèse de brave homme, un effet de la croyance à la véracité divine. Les concepts seraient l’héritage d’une préexistence transcendante… »

Aveuglement de l’espèce humaine: Idola Tribus

1. Introduction

Comme je l’ai dit plus haut, l’homme a un certain nombre de contraintes inhérentes à sa nature et de ce fait il nous est extraordinairement difficile d’échapper à ces contraintes.

Seul un effort particulier, spécifique permet d’échapper à notre structure physique et mentale. Parmi les éléments qui me paraissent importants d’évoquer ici, certains me paraissent avoir échappé même aux plus brillants chercheurs dont Nietzsche, ce problème ayant été relativement peu abordé à part peut-être par les philosophes français postmodernes. Parmi ces éléments, la dichotomie est un élément des plus frappants que je développerai par de multiples exemples. Diviser le monde en deux est quelque chose qui est naturel chez un être symétrique comme nous et ceci ne correspond pas la plupart du temps à la réalité. A côté de cette dichotomie les autres modes de classification sont aussi dépendants de notre être profond.

Ainsi, le système décimal est lié au fait que les humains ont dix doigts qui les ont amenés à compter sur leurs doigts et à transformer le monde environnant en le segmentant en dix parties. Cette manière de compter, séparer, quantifier nous a aussi amené à la notion de seuil. Les seuils sont un des éléments les plus complexes et les plus difficiles. Autant on peut imaginer que dans les matières inertes il existe des seuils, autant en biologie des organismes la notion de seuil est une notion qui n’a pas de sens. Il n’existe pas comme dans la physique un moment où les choses se cristallisent, une température à laquelle les matières se solidifient ou fondent. Les êtres biologiques par définition sont hétérogènes. Il est impossible de trouver un niveau précis à partir duquel les choses changent. On ne peut définir une taille précise pour définir un « nain » ou un géant comme vérité biologique.

Notre esprit peut difficilement se passer de cette notion de seuil. Celle-ci a été déclinée sur un mode anxieux, pour le principe de précaution, puisqu’il ne peut pas y avoir de seuil précis pour associer un risque à un produit, il faut éliminer le produit. Beaucoup d’exemples de cette tentation ont illustré notre passé récent.

De la même manière que de transformer en pourcentage le risque relatif est là aussi quelque chose qui n’a pas vraiment de sens quand il s’agit de matières biologiques. Et d’ailleurs dans mon métier, la plupart des études qui ont été faites en rapportant des pourcentages se sont révélées être contredites par le temps. L’hétérogénéité des populations entraine des variations de proportions qui rendent impossible de fixer des taux aussi précis. A côté de cette qualification dichotomique et cette quantification d’autres éléments sont intrinsèques à notre vie. En particulier le sentiment d’être un être fixe. La fixité est un



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.