Comment j'ai arrêté de manger les animaux by Hugo Clement

Comment j'ai arrêté de manger les animaux by Hugo Clement

Auteur:Hugo Clement
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Seuil
Publié: 2019-09-16T09:40:06+00:00


« Oui, mais moi, je ne mange que de la bonne viande, du bio ! J’en prends uniquement chez le boucher ou chez des petits producteurs. » Cette phrase, je l’entends souvent quand je parle des conditions d’abattage des animaux. Mon cercle de connaissances comprend beaucoup de consommateurs responsables et exigeants, qui ne souhaitent pas acheter des produits à bas coût issus de l’élevage intensif. Le label bio garantissant des conditions d’élevage légèrement plus agréables, la plupart des gens pensent que c’est également le cas pour l’abattage. Il n’en est rien. Les animaux issus du bio ou du petit producteur du coin sont tués dans les mêmes usines et globalement dans les mêmes conditions que les autres.

Le passage à l’abattoir est obligatoire, quel que soit le mode d’élevage. Interdiction de tuer ses bêtes à la ferme. La seule différence notable pour les animaux venant du bio concerne le transport : ils ne peuvent pas voyager plus d’une journée pour aller vers le site de tuerie, il est interdit d’utiliser des calmants pour les apaiser pendant la route, et les ouvriers n’ont pas le droit d’utiliser des décharges électriques pour les faire descendre du camion à l’arrivée. La traçabilité de la viande est également plus stricte. Les animaux de la filière bio doivent être parqués dans un espace de l’abattoir qui leur est réservé et ne doivent pas être mélangés avec les autres. Les instruments de la chaîne doivent tous être nettoyés quand les ouvriers passent à « l’abattage bio ». Mais, sur la tuerie en elle-même, aucune différence. Comme les autres animaux, les vaches, cochons, poulets ou moutons élevés en bio sont censés être étourdis avant la saignée. Comme les autres, ils subissent de nombreux ratés. Comme les autres, ils sont victimes de maltraitances, du manque d’équipements et de la cadence infernale. Les vidéos que l’association L214 tourne dans les abattoirs certifiés bio sont d’ailleurs parmi les plus horribles. Je me souviens de l’enquête sur l’usine de Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques), révélée en mars 2016. Si vous en avez le courage, faite une pause dans votre lecture, et allez visionner la vidéo sur Internet, vous la trouverez facilement. J’avais eu le ventre noué en regardant ces images d’agneaux et de veaux suspendus pleinement conscients avant d’être saignés. Les employés les frappaient sur la tête pour essayer de les assommer, sans succès. Un agneau était même écartelé vivant à cause d’un crochet mal positionné. Même horreur à l’abattoir certifié bio du Vigan, dans le Gard. C’est encore L214 qui révéla les tortures subies. Un employé fut condamné en avril 2017 à huit mois de prison avec sursis et 2 000 euros d’amende pour « sévices graves et actes de cruauté ». Dans la vidéo, on le voyait notamment frapper les animaux et appliquer sans nécessité la pince électrique sur le museau de brebis. En matière d’abattage, acheter de la viande locale et bio ne change strictement rien. Ces animaux ont sans doute eu une vie moins abominable que les autres, mais ils finissent dans le même film d’horreur.



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