Cash-Cash by Carter Brown & Chantal Wourgaft

Auteur:Carter Brown & Chantal Wourgaft [Brown, Carter & Wourgaft, Chantal]
La langue: fra
Format: epub
Tags: polar
Google: Y6hNnQEACAAJ
Éditeur: Gallimard
Publié: 1971-07-15T12:14:38+00:00

CHAPITRE VIII

Le lendemain matin, vers neuf heures trente, je me présentai chez Francis Randall. En sortant de l’ascenseur, je tombai sur le docteur Murphy.

— Quel beau temps, hein, lieutenant ! fit-il, la mine réjouie.

— Pour quoi faire ? Une autopsie ?

— Pas question – il est tiré d’affaire. Sa femme n’a pas paru particulièrement enchantée quand je le lui ai annoncé… Quelle belle plante, celle-là ! (Murphy ferma les yeux d’un air extasié.) Si elle veut une consultation, je la lui donne le jour qu’elle voudra, et gratuitement encore !

— Vous m’avez l’air drôlement remonté, à une heure si matinale ! Qu’est-ce qu’il a, le mari ?

— Rien, déclara Murphy d’un air lugubre. Il est au lit, en train de se sustenter. Allez-y, vous pouvez lui parler tant que vous voudrez. Il n’en mourra pas – hélas !

Le docteur entra dans la cabine de l’ascenseur.

— Vous voulez un tuyau de première, Wheeler, dans cette affaire ?

— Tu parles ! Je me contenterais même d’un tuyau tout court…

— Eh bien, chuchota-t-il sur le ton de la confidence, m’est avis que le coupable a très nettement des dispositions à l’assassinat !

La porte de l’ascenseur se referma avant que j’aie eu le temps de lui envoyer mon poing à la figure.

Je saluai le policier qui montait la garde sur le palier et appuyai sur la sonnette. Mélanie m’ouvrit aussitôt. Elle arborait une mine contrite, un corsage de soie blanche et un pantalon corsaire noir, mais elle n’exhibait pas le moindre centimètre carré de peau nue à la ceinture. La fille tout en or s’était transformée en épouse modèle, ce matin-là.

— Bonjour Al, dit-elle d’une voix de circonstance. C’est affreux !

— Je n’irai pas jusque-là. Francis est bien vivant, n’est-ce pas ? A moins que ce soit ça, précisément, que vous déploriez ?

— Ne plaisantez pas, ce n’est pas le moment. J’en ai encore la chair de poule, rien que d’y penser…

— On va voir comment votre mari prend ça.

— Vous êtes en service commandé, tout ce qu’il y a d’officiel, n’est-ce pas ?

— Décidément, fis-je d’un ton paterne, vous ne m’avez pas l’air de vouloir vous livrer à certains petits jeux, ce matin…

Elle fit demi-tour et me conduisit à la chambre à coucher. Francis était au lit, calé contre une pile d’oreillers. Il portait un pyjama, ses lunettes à monture claire et ses grandes dents de cheval.

— Bonjour, lieutenant, fit-il d’une voix dolente. Asseyez-vous, je vous en prie.

— Si vous avez besoin de moi, je suis à la cuisine, dit Mélanie.

Elle sortit en refermant la porte.

— Qu’est-ce qui s’est passé, exactement ? demandai-je à Francis.

— On a failli m’assassiner, voilà ce qui s’est passé ! riposta-t-il, au comble de l’indignation. Il serait temps de l’arrêter, ce fou ! Vous ne trouvez pas ? D’abord Alice, puis Ross qui en réchappe de justesse – et maintenant, c’est mon tour ! Si ma femme n’était pas rentrée juste à ce moment-là, je serais mort à l’heure qu’il est… (Sa voix monta d’une octave.) Mort ! Vous m’entendez ?

— Vous voulez dire, dans un cercueil ? m’enquis-je poliment.

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