CARL SCHMITT by Hummel Jacky

CARL SCHMITT by Hummel Jacky

Auteur:Hummel, Jacky
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782368475706
Éditeur: © 2005, Éditions Michalon
Publié: 2005-04-20T16:00:00+00:00


2. La dictature face à la crise de Weimar

Fidèle à la pensée de Donoso Cortés qui voit dans la dictature « le contraire de la discussion » célébrée par les libéraux, Schmitt (PD, 65) estime que la défaillance et l’anachronisme du constitutionnalisme parlementaire confèrent au concept de dictature une nouvelle actualité. Dans son ouvrage de 1921 consacré à la notion de dictature, Schmitt démontre qu’historiquement l’élargissement du pouvoir de la dictature est rendu possible par plusieurs tendances de l’État moderne qui s’expriment déjà dans l’œuvre de Machiavel : la recherche d’une rationalisation du gouvernement, le primat de la technique sur le droit et l’émergence du pouvoir exécutif conduisent à l’idée de la « raison d’État ». Première forme de dictature moderne, la « dictature de commissaire » des XVIe et XVIIe siècles constitue, dans l’histoire de l’Europe, un instrument puissant de l’absolutisme. Cependant, elle reste cantonnée dans une mission limitée, puisqu’elle dépend d’une constitution dont elle ne dispose pas, même si elle peut en suspendre provisoirement quelques aspects secondaires. La mutation décisive du concept de dictature s’effectue avec la conjonction du pouvoir souverain et des techniques dictatoriales utilisées par le pouvoir exécutif. Donnant naissance à ce que Schmitt nomme la « dictature souveraine », une telle conjonction se réalise à la fin du XVIIIe siècle en France lorsque la doctrine du pouvoir constituant conduit à une dictature révolutionnaire souveraine qui ne se contente pas de suspendre la constitution en vigueur et vise à établir un régime nouveau. La dictature souveraine « ne suspend pas une constitution en vigueur en vertu d’un droit fondé sur celle-ci, c’est-à-dire conforme à la Constitution ; elle cherche au contraire à instaurer l’état de choses qui rendrait possible une constitution qu’elle considère comme étant la constitution véritable. Elle n’invoque donc pas la constitution en vigueur, mais une constitution à établir » (D, 142). Est-ce alors une simple question de puissance ? Schmitt répond par la négative à cette question car la dictature souveraine dérive immédiatement du pouvoir constituant qui « se trouve dans un rapport tel avec toute constitution en vigueur qu’il apparaît comme le pouvoir fondateur » (D, 143). Alors que la dictature de commissaire est autorisée par un organe constitué et a un titre dans la constitution en vigueur, la dictature souveraine dérive immédiatement du pouvoir constituant. Alors que le dictateur commissaire est « le commissaire d’action absolu d’un pouvoir constitué », la dictature souveraine constitue « la commission d’action absolue d’un pouvoir constituant » (D, 151). Sensible au modèle historique contemporain de l’appropriation du pouvoir constituant par le Parti communiste soviétique, Schmitt qualifie la Convention révolutionnaire française de « dictature souveraine » : en octobre 1793, la Convention, une fois accomplie sa tâche avec la rédaction de la Constitution du 23 juin 1793, cesse d’être un organe constitué et décide de suspendre la Constitution en se réclamant directement du pouvoir constituant face aux menaces contre-révolutionnaires.



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