Axelle by Benoit

Axelle by Benoit

Auteur:Benoit
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2012-02-06T05:00:00+00:00


Voilà ce que fut cette journée. Je n’ai jamais pu évoquer son souvenir sans que mes yeux s’emplissent de larmes. Il devait être environ six heures quand on frappa à la porte.

– Entrez, dit Mlle de Mirrbach.

C’était Gottlieb, qui venait annoncer l’arrivée du soldat chargé de ramener au camp « Monsieur Dumaine ».

12

Sur la grande table du cabinet du général, il n’y avait pas que les œuvres de Clausewitz et de Willisch, de von der Goltz et de Moltke. J’avais remarqué également la présence constante d’un épais petit bouquin gonflé de signets de papier. Le jour où j’eus l’idée de l’ouvrir, je n’imaginais certes pas le nombre de fois que j’allais être amené à refaire ce geste.

C’était l’édition de 1916 du « Militär-Versorgungsrecht ». Outre une quantité incalculable de renseignements concernant l’administration de l’armée allemande, ce traité contenait toute la législation en vigueur à cette époque sur les soldes, pensions, retraites, subventions, secours destinés aux officiers et à leurs familles. Avec du temps et de la patience – et Dieu sait que ni l’un ni l’autre ne me faisaient défaut –, aidé d’ailleurs par les notes que le général avait laissées sur la plupart des signets, je pouvais trouver dans cet ouvrage la réponse à une question que j’avais été conduit fort rapidement à me poser : quelles étaient les ressources approximatives des maîtres de Reichendorf ? Pour s’étonner de l’ardeur avec laquelle je m’étais attelé à cette nouvelle tâche, il faudrait n’avoir rien compris à toute la puissance qui m’emportait vers Axelle. Dès les premiers jours, j’avais eu l’intuition des soucis d’ordre matériel qui assombrissaient son existence. Pas un événement ne s’était accompli par la suite qui ne fût venu me confirmer dans cette certitude. Or, j’avoue n’être pas de ceux qui, prétendant à la connaissance d’un être, commencent par négliger avec une hautaine pudeur l’examen des tristes problèmes sur lesquels sa pensée se trouve sans cesse ramenée.

La recherche du chiffre auquel pouvait s’élever la retraite du général n’avait pas exigé de ma part des miracles de perspicacité. Mon recueil administratif indiquait pour les généraux de brigade le chiffre de base de 8 712 marks. Cette somme se trouvait bonifiée par certaines indemnités spéciales – campagnes, ancienneté, blessures – qui pouvaient lui faire atteindre, comme c’était le cas, le chiffre global de 11 000 marks. En ce qui concernait Axelle, il me fut aisé d’établir qu’elle recevait, en tant que fille d’un général de division tué à l’ennemi, une pension d’environ 3 000 marks. Les textes législatifs permettaient à n’importe qui de se procurer ces détails. Où mes indiscrétions commencèrent réellement, ce fut lorsque je fis la découverte d’une note manuscrite du général de Reichendorf mentionnant que sa nièce recevait, outre sa pension, un secours annuel de 1 500 marks payé sur les fonds de la cassette impériale. Ladite note servait de signet à un chapitre du recueil où il était question des mesures destinées à venir en aide aux familles victimes des hostilités. « L’ensemble des allocations versées



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