survivre avec les loups by Misha Defonseca

survivre avec les loups by Misha Defonseca

Auteur:Misha Defonseca [Defonseca, Misha]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-10-03T17:23:01+00:00


8

LA MEUTE

Je voulais éviter soigneusement les endroits habités, les villages. J’étais à la recherche de fermes isolées, d’eau et de nourriture facile et sans risque. La terreur provoquée par le ghetto, les morts dans cette chaleur épaisse, et ce cimetière atroce, tout me poussait vers une forêt. Mais pendant quelque temps je n’ai trouvé sur ma route que des terres agricoles. Chaque fois que j’apercevais des gens qui y travaillaient, j’essayais de savoir où je me trouvais. Je n’avais plus de plan précis.

Un jour, je me suis approchée d’un champ où deux ouvriers agricoles entassaient des betteraves. J’ai rampé jusqu’à un fossé, et tendu l’oreille. Ils parlaient français, comme en Belgique, et comme les gamins de Varsovie dont je n’étais pas encore assez loin à mon goût. J’ai saisi des bribes de phrases, ils devaient parler entre eux de camps de travail, ou de camps de prisonniers. Une phrase m’a frappée parce qu’elle contenait le mot « belge » : « Et à Minsk Mazowiescki, il y a des travailleurs belges et français…»

Si je n’avais pas eu si peur, je leur aurais demandé où était Minsk Mazowiescki. J’ai voulu le chercher seule, et j’ai tourné en rond longtemps sans le trouver, alors que je ne devais pas être très loin, je m’en suis rendu compte des années plus tard en m’efforçant de reconstituer mon itinéraire. J’ignore ce que j’aurais découvert là-bas, il valait probablement mieux que je ne le sache pas. Lorsque j’ai atteint enfin la fraîcheur d’une forêt de grands arbres, des sapins, des chênes, lorsque j’ai pu m’endormir à leur pied, les serrer dans mes bras, j’ai récupéré un peu de calme. Depuis Varsovie, mes plaies et croûtes se transformaient en cratères sanguinolents. J’ai essayé de marcher pieds nus, pour soulager mes orteils recroquevillés dans des bottes de mauvais cuir. Le résultat n’a pas été encourageant. La corne se fendillait, j’ai dû les envelopper de chiffons. Mais les chiffons tenaient mal, finalement j’ai remis les bottes, c’était plus simple que de les porter autour du cou, où pendait déjà ma musette lourde de couteaux et de pommes de terre. La forêt respirait la pureté, le silence ; les odeurs et les parfums m’assaillaient, je me débarrassais de la puanteur de mort que je traînais avec moi.

Quand la nuit approchait, je cherchais où m’arrêter, c’était important. Un abri, une protection, mon dos contre une roche, ou un tronc d’arbre suffisamment gros. Plusieurs semaines ont passé. Un jour, je longeais un petit cours d’eau et un arbre mort que j’ai enjambé facilement, quand j’ai remarqué un peu plus loin à ma gauche une cascade, et en face un monticule de gros rochers irréguliers. L’endroit idéal pour être tranquille et surveiller alentour. J’ai grimpé, pour voir ce qu’il y avait derrière l’amas de roches, et une fois arrivée au sommet… j’ai découvert dans une caverne des louveteaux !

J’étais encore à quatre pattes, alors je me suis approchée doucement. Ils étaient quatre, tout petits encore, en train de jouer. Mais un peu



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