Au-delà des ombres by Barjy L

Auteur:Barjy L [Barjy L]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Mix Editions
Publié: 2018-01-31T23:00:00+00:00

Chapitre 16

Il le regarde se mouvoir au-dessus de lui, s’accrochant désespérément à ses épaules, plongeant son regard mêlé de désir et de chagrin dans ses magnifiques yeux verts qu’il veut graver à jamais dans sa mémoire, tentant en vain de repousser l’orgasme qu’il sent grandir en lui… Repousser l’échéance dans un gémissement proche de la déchirure.

Tony se penche sur lui, l’embrasse doucement, masturbant son sexe douloureux tout en bougeant avec une lenteur calculée entre ses reins. Parce que c’est leur dernier moment ensemble.

Tony le sent se contracter et projeter brusquement la tête dans l’oreiller, jouissant en criant ce prénom qui n’est pas le sien. Un cri plus proche des larmes que du plaisir. Quand il est à son tour emporté par l’orgasme, les doigts de son amant se nouent dans sa nuque, refusant de le laisser se retirer de son antre, refusant de le laisser partir…

Pas encore. Jamais.

Tony l’embrasse une dernière fois en essuyant avec tendresse les larmes qui coulent sur les joues de son amant.

Ce soir, c’est lui qui part le premier et Ian qui reste seul dans la chambre du motel.

Pas d’argent, pas de limite de temps. Tony lui a offert ce dernier moment à lui qui fut son premier client, son premier véritable amant. Ultime cadeau en guise d’adieu.

Ce soir, Duncan a revêtu le costume de Tony pour la dernière fois. En refermant, le cœur serré, la porte derrière lui, tournant définitivement la page sur douze années de sa vie, il se demande où tout cela va le mener.

Il est sorti de ses pensées par les phares du taxi de Lester qui se gare à quelques mètres. Il s’assied sans un mot et pose son front sur la vitre, son regard dérivant vers cette chambre dans laquelle un homme nu se laisse glisser lentement le long du mur.

« Tony », murmuré comme une prière.

***

Lester ne ramène pas Duncan à son appartement. Il a appris, avec les années, à lire sur le visage de ses clients, à écouter leurs silences. Il a appris à le comprendre, lui, surtout.

Les rues défilent et Duncan se laisse guider en toute confiance. Après quelques minutes qui lui paraissent intemporelles, le taxi finit par se garer devant un pub irlandais.

« Venez… Je vous offre un verre », lui propose Lester.

« En quel honneur ? », répond Duncan tout en déchiffrant l’enseigne.

Shamrock.

« Parce que mon père était natif de Dublin… Parce que j’ai soif et que j’ai fini mon service ». Puis tout en ouvrant la portière, Lester rajoute :

« Parce que quelque chose me dit que vous en avez besoin. »

La salle est bruyante, enveloppée dans une nappe de brouillard âcre, et ce malgré l’interdiction de fumer que tout le monde semble joyeusement ignorer entre deux bouffées amères.

Ça sent la bière, le whisky et l’Irish stew.

Ça rit, ça parle trop fort, ça chante avec entrain pour accompagner un trio de musiciens aux instruments traditionnels installés sur une scène de fortune.

Duncan grimace, agressé par le bruit. Les yeux mi-clos, il suit Lester qui

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