Après l'Empire : Essai sur la décomposition du système américain by Todd Emmanuel

Après l'Empire : Essai sur la décomposition du système américain by Todd Emmanuel

Auteur:Todd, Emmanuel [Todd, Emmanuel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, France, Economie, Politique, Lang:fr
Éditeur: Gallimard
Publié: 2012-03-28T05:13:13+00:00


Le recul de l'universalisme interne : les révélateurs noir et hispanique

Le caractère « multiracial » de la société et de la statistique américaine nous permet de suivre « en interne » l'affaiblissement de l'universalisme américain, de saisir par l'analyse démographique l'échec de l'intégration des Noirs et l'émergence possible d'un troisième groupe séparé, les « Hispaniques », en fait les Latino-Américains d'origine indienne, mexicains dans leur écrasante majorité.

La statistique américaine suggère cependant en première approche une légère augmentation du nombre des mariages mixtes pour les Noirs américains de sexe masculin au tournant du millénaire : de 2,3 % chez les plus de 55 ans à 11 % chez les 15-24 ans. Mais l'augmentation pour les femmes noires est insignifiante, ce qui suggère une persistance du tabou racial fondamental : les femmes du groupe dominé ne doivent pas être épousées par les hommes du groupe dominant. Le mariage interracial noir/blanc est légèrement plus fréquent dans les catégories ayant reçu une éducation supérieure. Pour les Asiatiques, l'augmentation est en revanche très importante, menant de 8,7 à 30,1 % de mariages mixtes pour les mêmes groupes d'âge. Les jeunes Juifs américains atteignent quant à eux un taux de mariage mixte de 50 %, l'entrée sur le marché matrimonial général, c'est-à-dire la dispersion du groupe, s'accompagnant d'une bruyante montée en puissance de la solidarité active avec l'État d'Israël.

Les statistiques les plus récentes révèlent cependant que la légère augmentation du nombre des mariages mixtes observée pour les Noirs entre 1980 et 1995 a cessé par la suite. L'annuaire statistique des États-Unis57 permet de suivre le dégel des années 1980-1995, minimal, et le blocage de la situation raciale les années suivantes. Le taux de mariage mixte était pour les femmes de 1,3 % en 1980, de 1,6 % en 1990. Il est monté à 3,1 % en 1995, pour stagner à 3 % en 1998. Mais c'était sans doute déjà trop pour les statisticiens américains qui ont senti d'instinct que cette augmentation, quoique insignifiante, était déjà impossible : « enough is too much already ». Pour l'année 1999, ils ont judicieusement exclu les Hispaniques blancs et noirs de la statistique, choix catégoriel qui a fait retomber le taux de mariage mixte des femmes noires à 2,3 %. Fausse alerte, une minorité porteuse de l'universalisme espagnol réalisait une proportion énorme des mariages mixtes, les Portoricains sans doute. Actuellement, près de 98 % des femmes noires, lorsqu'elles sont en couple, vivent avec un Noir. Si l'on ajoute à cette endogamie raciale presque absolue le fait qu'une bonne moitié des femmes noires sont mères célibataires, et ne sont par conséquent certainement pas mariées avec un Blanc, nous aboutissons au constat d'une permanence remarquable du problème racial. Il serait plus exact de parler de pourrissement car d'autres données démographiques indiquent une régression.

Le taux de mortalité infantile, proportion des enfants décédant avant l'âge de un an, est traditionnellement beaucoup plus élevé pour les Noirs que pour les Blancs aux États-Unis : en 1997, 6 pour mille chez les Blancs et 14,2 chez les Noirs.



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