Al Wheeler - 22 - Continuez le massacre [V2] by Brown Carter

Al Wheeler - 22 - Continuez le massacre [V2] by Brown Carter

Auteur:Brown,Carter [Brown,Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: polar
Éditeur: Gallimard
Publié: 2014-07-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE VII

Dans un splendide isolement, je me trouve perché sur un tabouret du bar grand module qui orne le salon. Je déguste mon cocktail à petits coups, pour le faire durer le plus longtemps possible, tout en m’efforçant de ne pas regarder mon image dans la glace jaunâtre du bar.

Ma montre indique vingt-trois heures deux minutes. Un silence de mort règne dans la maison. J’en arrive presque à souhaiter que Sébastian se mette à tirer une rafale de quinze coups de feu sous mes semelles, dans le sous-sol. Même le hurlement de quelque fauve enamouré, en provenance directe du cœur de la forêt vierge africaine, me paraîtrait plus facile à supporter que cet affreux silence.

Une cigarette me donne une impression de brève activité. C’est ce qui me vient à l’esprit en craquant une allumette pour en fumer encore une. Mais cette piètre besogne ne rompt nullement la monotonie de l’attente.

Après le dîner, toute la maisonnée m’a semblé se désintégrer. Celeste s’est levée de table pour regagner immédiatement sa chambre ; Antonia est allée dans la cuisine se livrer aux joies de la vaisselle ; Bruno, alléguant une migraine, s’est éclipsé ; quant à Sébastian, il ne s’est même pas montré au dîner.

Le léger cliquetis du rideau de perles, à l’entrée de quelqu’un dans le salon, me fait lever la tête et jeter un coup d’œil dans la glace jaunâtre du bar. J’aperçois l’image quelque peu déformée de Pépé Livvy qui, lentement, se fait de plus en plus grande à mesure qu’il s’approche de moi. Toujours aimable, il me dit :

— Si vous le permettez, je vais prendre un verre avec vous avant d’aller me coucher.

— Mais je vous en prie ; j’en serais ravi.

— J’ai l’impression que nous ne vous avons pas très bien reçu, ce soir, reprend-il tout en se préparant un verre. On ne vous a guère distrait. C’est assez exceptionnel, dans cette maison. La plupart des soirs, il y a toujours quelqu’un qui se lance dans un jeu ou une occupation quelconque jusqu’aux premières heures du matin…

— Ils sont sans doute fatigués, dis-je. La nuit dernière a été passablement mouvementée…

— Je l’avais presque oublié, reconnaît Pépé. On ne croirait pas ça possible, n’est-ce pas ? Qu’un homme puisse oublier qu’il a découvert chez lui un cadavre vingt-quatre heures plus tôt !

— Question de psychologie sans doute ou d’hygiène mentale, fais-je, pas très fixé sur ce point. Ça m’a l’air d’une sorte de mécanisme de sûreté. Quand un souvenir cause trop de perturbations sur le plan émotif, le mécanisme intervient et l’enferme au plus profond de l’inconscient, même si ce souvenir est tout récent…

— Ça m’a l’air de tenir debout, cette explication, observe Pépé, plein d’admiration. Je vois maintenant pourquoi j’avais oublié si vite cette macabre découverte. C’était parce que ce souvenir me dérangeait trop sur le plan émotif…

— Probablement, dis-je. Et encore, vous n’avez fait que découvrir le cadavre, vous ! Imaginez, chez un assassin, ce que doit donner le souvenir de l’acte lui-même ! Quel poison



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