Francis Poulenc by Hervé Lacombe

Francis Poulenc by Hervé Lacombe

Auteur:Hervé Lacombe [Hervé Lacombe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: A_Poster, Biographie, Musique, Littérature Française
Éditeur: Fayard
Publié: 2013-01-22T23:00:00+00:00


Les Nocturnes

En décembre 1938, Poulenc clôt sa série de nocturnes1747 :

Nocturne n° 1 en ut majeur (1929-Noizay, 1930)

Nocturne n° 2 en la majeur (Paris, 24 décembre 1933)

Nocturne n° 3 en fa majeur (Malines, 1934)

Nocturne n° 4 en ut mineur (Rome, mars 1934)

Nocturne n° 5 en ré mineur (1934)

Nocturne n° 6 en sol majeur (Noizay, mai 1934)

Nocturne n° 7 en mi bémol majeur (août 1935)

Nocturne n° 8 en sol majeur (Noizay, décembre 1938)

Chaque pièce est publiée isolément puis l’ensemble est réuni en un seul volume chez Heugel en 1939, à la manière d’un cycle de mélodies. Le n° 8 porte d’ailleurs la mention : « pour servir de coda au cycle ». Dédié à Suzette Chanlaire, le n° 1 peut être considéré comme une matrice de l’imaginaire musical poulencquien. Il réunit dans le cadre d’un do majeur originel (voir L’enfance de l’art, chapitre III) nombre de traits stylistiques de Poulenc. La musique s’épanche sans épanchements, sans complications de langage ou d’écriture, combinant sans effort des harmonies classiques, romantiques et plus modernes (à peine perceptible dans le flux sonore continu), jouant sur les ambivalences fonctionnelles, enchaînant des sections parfois par collage, parfois au contraire sans délimitations claires, redistribuant un matériau motivique puisé dans ses propres œuvres ou dans celles d’autres compositeurs. La marche des mes. 12-13 a déjà résonné dans la Novelette n° 1 (mes. 49-57), dans la Pastourelle (mes. 18-21, 47-51) et dans le Caprice italien (mes. 92-96) de Napoli. Le motif mes. 36 revient varié mes. 39-40 ; il rejaillira dans Carte postale (mes. 19-20), dans le Sextuor, dans le troisième mouvement de la Sinfonietta, dans le Nocturne n° 4, dans L’Histoire de Babar1748. Le motif des mes. 64-65, qui provient de la Sérénade de Stravinsky, était déjà dans l’Hymne des Trois pièces et reviendra en ouverture du Gloria ; divers éléments circulent dans Aubade (notamment 51 , 52 ). Toute la section finale sur pédale de tonique renvoie à l’espace temporel suspendu créé dans le Concerto pour deux pianos. L’accord de résonance (mes. 84-86) est une des façons de finir sans finir chère à Poulenc. Mais cette fois, un événement a lieu, qui permet dans la coda qui suit de finir avec une belle cadence parfaite – un événement sans relation thématique avec tout ce qui précède, intervenant comme une grâce inexplicable. La clef sera donnée plus de vingt ans plus tard : ce motif (mes. 87-89), qui enchaîne des couleurs tonales hors contexte (do dièse, si bémol et sol majeur) avant de retrouver le do majeur principal, sera le motif de la grâce dans les Dialogues des Carmélites.

Le Nocturne n° 2 combine l’esprit schumannien à l’esprit des Biches. Le n° 3, Les Cloches de Malines, est le préféré de Cortot1749. C’est une belle étude de sonorité impressionniste interrompue par une section beaucoup plus violente, « Agité et mystérieux ». Franck Ferraty y discerne l’irruption de la terreur dans une brume matinale baignée du tintement doux et mélancolique de la quarte fa-do1750. À l’insouciance bienheureuse succède le bouleversement d’un être traversé de peurs inexplicables et ramené à son état premier sans autre explication.



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