023 - Au suivant de ces messieurs by Dard Frédéric

023 - Au suivant de ces messieurs by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265091283
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1957-01-15T23:00:00+00:00


*

Une horloge de ville proche lâche douze coups bien timbrés. Je les compte à travers un songe. Comme j’ai peur de m’être gouré, l’horloge, pas fière, remet ça. Oui, c’est bien midi qui carillonne. Je suis douillettement zoné près de Françoise. Son corps brûlant insuffle dans mes veines une jouvence merveilleuse. Je n’ai plus de fièvre. Je me sens fort.

Tout en caressant sa belle épaule lisse, je me dis cyniquement :

— Une de plus, gars !

Je n’ai pas la vanité du calcif, croyez-le, pourtant mon orgueil de mâle biche lorsque j’enregistre un nouveau succès féminin. C’est à ça qu’un homme reconnaît qu’il reste un homme.

Je la sens roucouler contre moi et je suis heureux. D’ordinaire, quand je viens de faire le coup du chaud-lapin à une jeune fille de la bonne société, j’ai envie d’aller fumer une cigarette à l’autre bout de la planète ; mais, sans doute à cause de mon mauvais état de santé, j’ai envie de la cajoler un peu.

Elle se dresse et m’embrasse.

— Je t’aime…

— Moi aussi, Françoise.

J’ajoute, un peu hâtif dans mes transitions :

— Et ça me colle une faim d’ogre !

— Je vais aller acheter de quoi déjeuner. Qu’est-ce qui te ferait envie ?

— Du jambon et des œufs au plat…

— Tu n’es pas difficile.

— Et puis une bouteille de champagne. Prends de l’argent dans mon portefeuille, c’est moi qui régale.

Je suis obligé d’insister. Elle consent enfin.

— Pendant que tu y seras, tu m’achèteras un pantalon neuf et une chemise, parce que je crois que mes fringues sont hors d’usage après leur bain prolongé…

— Quelle couleur ?

— Celle qui te conviendra…

Vous le voyez, c’est de l’idylle choisie sur le volet. Tu m’aimes, je t’aime, on s’aimera !

Ça fait toujours plaisir et ça ne coûte pas cher.

— Tu as de quoi écrire, ici ?

— Bien sûr…

Elle me donne une pochette de papier filigrané et un stylo à bille.

— Ça te conviendra ?

— Aux petits pois. Attends, tu vas aussi téléphoner à un de mes amis qui demeure à Berne. Je voudrais qu’il vienne me voir, ça ne t’ennuie pas ?

— Comme tu voudras…

— Tu es la plus adorable des…

— Des… ?

J’ai, parfois, un don divinatoire de femme. Je sais ce qu’un être attend de moi.

— … des fiancées !

Ça la fout aux anges ! Elle se jette sur moi, me couvre de mimis mouillés.

— Oh ! mon amour ! mon amour !

Naïve, la doudoune ! Elle rêve de folles étreintes et de bague au doigt. Qu’est-ce que je risque à lui donner de l’espoir ? C’est bien la moindre des choses, après les risques qu’elle a pris pour moi, non ?

— Va… Tu chercheras sur l’annuaire la pension Wiesler, 4, rue du Tessin.

— Bien.

— Tu te souviendras ?

— Évidemment !

— Tu demanderas M. Mathias et tu lui diras que son ami San-A. l’attend chez toi… J’ignore ton adresse, au fait.

— Bon…

— S’il te demande des précisions, n’en donne pas…

— N’aie crainte…

Je l’embrasse.

— Et n’oublie pas le jambon. Tu m’as ouvert l’appétit, ma chère Quintonine d’amour



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