014 - J’ai bien l’honneur… de vous buter by Dard Frédéric

014 - J’ai bien l’honneur… de vous buter by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1955-01-04T23:00:00+00:00


CHAPITRE X

Photomaton

Liverpool Street est une rue assez importante.

Le 146 comprend quatre étages, lesquels composent un immeuble cossu.

C’est massif, sans prétention, mais vaguement bourgeois. On devine là-dedans des appartements avec des boiseries, des tentures et des machins inutiles mais sérieux.

Je cherche de la morniflette pour douiller mon chauffeur. Comme il me voit hésiter longtemps sur les pièces d’argent et de nickel, il me demande :

— Vous êtes Français, non ?

Pas trace d’accent dans sa voix. Je sursaute.

— Vous aussi ?

— Non, fait-il, mais j’ai passé dix ans en France ; c’est un pays qui me plaît beaucoup. J’y vais toujours pour mes vacances. J’ai une petite amie du côté de Lille. Vous aimez Lille ? C’est la ville des pommes de terre frites ! Là-bas on ne mange que ça et on en mange tout le temps…

Il a l’air joyeux. Sa petite copine française l’a sérieusement dégrossi. Elle lui a raclé le standing jusqu’au derme et maintenant, le mec ressemblerait à un titi s’il n’avait pas une vraie gueule à monter la garde sous le rocher de Gibraltar.

Il me vient une idée lumineuse. Faut vous dire que des idées lumineuses j’en ai en moyenne douze à la minute. Et elles sont tellement lumineuses que l’intérieur de mon crâne doit ressembler à un feu d’artifice.

— Ça vous ennuierait de me donner un coup de main, vieux ? je questionne. Pour votre peine je vous refilerai une livre.

Il est d’accord sur le principe et me demande ce qu’il doit faire contre cette somme.

— Oh ! pas la traversée des chutes du Niagara sur un fil, je réponds. Simplement me servir d’interprète quelques instants…

Il descend de son tréteau, et nous nous engageons dans l’immeuble, ce qui vaut mieux que de s’engager dans les troupes aéroportées.

J’examine les plaques de cuivre fixées au mur. Quelle truffe j’ai été ; je m’aperçois que j’ai tout simplement omis de demander à Katty le nom de famille de la femme de chambre. Elle m’a dit qu’elle demeurait chez son dab, faudrait se rancarder sérieux.

J’explique au chauffeur anglo-français ce que j’attends de lui. Il fait un signe de tête décidé et pénètre dans l’immeuble à ma suite.

La première personne que nous rencontrons c’est une dame d’allure respectable à qui un gars pas trop radin donnerait la soixantaine sans trop se faire tirer l’oreille.

Mon chauffeur l’aborde. Ils échangent du texte et enfin le visage du mec en salopette s’éclaire comme la façade d’un théâtre à partir de vingt heures trente.

— L’homme que vous cherchez s’appelle Paste, dit-il. Il a une fille nommée Gloria. Il habite au quatrième étage.

— O.K., vous montez avec moi ?

Il accepte.

Tout en gravissant l’escadrin, j’y allonge sa livre, histoire de lui faire trouver l’ascension moins longue. Il remercie avec beaucoup d’âme. Il doit se dire, le chevalier du volant, que des clients comme ça ne se rencontrent pas tous les jours. Et il doit souhaiter qu’il y ait davantage d’arrivage.

Au quatrième, nous sonnons à une lourde. Mais personne ne répond. Nous carillonnons encore sur l’air de Tagada veux-tu, mais sans obtenir le plus léger résultat.



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