Western [225] La ballade de Jesse Hand by Patten Lewis Byford

Auteur:Patten,Lewis Byford [Patten,Lewis Byford]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Western
Éditeur: Champs-Elysées
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE XII

Julia n’avait pas l’habitude de monter à cheval alors nous ne faisions pas beaucoup de chemin dans une journée. Je n’avais guère de matériel de couchage mais nous dormions bien serrés l’un contre l’autre, puisque nous étions jeunes mariés et comme ça nous nous tenions chaud. Je ne dis pas à Julia que j’avais tué plusieurs hommes. À sa connaissance, il n’y avait que les deux de Twin Forks.

J’achetai une vieille selle dans la première ville que nous traversâmes, pour ne pas monter tout le temps à cru.

Je crois que je n’avais pas assez de bon sens pour avoir peur de voyager seuls en plein milieu du Territoire Indien et plus tard dans le pays des Comanches. Mais j’en avais quand même assez pour voyager de nuit et nous reposer le jour.

J’avais cru aimer Julia mais ce n’était rien à côté de l’amour qui grandit au cours des quelques semaines suivantes. Je savais cependant que je ne pouvais pas continuer de la traîner comme ça dans tout le pays. Elle ne se plaignait jamais mais je voyais bien que c’était dur pour elle de dormir sur des terrains pierreux, et parfois sous la pluie.

Et plus loin dans le sud, la chaleur devint intolérable. Il n’y avait pas beaucoup de ranches ni de villages et nous étions forcés de nous nourrir tant bien que mal, sur le pays. Pendant des jours et des jours, nous ne mangions que de la viande. Souvent nous n’avions pas assez d’eau pour la faire passer.

Je ne savais pas où était le ranch de Ross et le Texas est immense. Je me renseignais dans tous les ranches où nous passions mais personne ne connaissait Francisco Ross.

Les emplois étaient rares. Personne n’embauchait, moins encore des novices comme moi. Mon argent avait presque entièrement fondu et je savais qu’il me faudrait très vite trouver du travail. Pour la première fois de ma vie, je commençai à avoir vraiment peur.

Nous arrivâmes à Fort Worth à la fin d’un après-midi, complètement fauchés et sans rien à manger. Je dressai notre camp aux abords de la ville, dans un fourré de mesquite. Julia paraissait très pâle et faible. Je lui demandai si elle était malade mais elle sourit et me dit :

— Non, un peu fatiguée, c’est tout. Ça ira bien quand je me serai reposée.

— Je vais aller en ville voir si je peux trouver du travail. Je te rapporterai de quoi manger.

— J’aimerais pouvoir mieux t’aider. J’ai l’impression de n’être qu’un souci pour toi.

Je la pris dans mes bras. J’avais la gorge nouée. Je regrettais de l’avoir entraînée si loin de son foyer de Twin Forks. Je ne lui avais rien apporté qu’une vie trop dure pour elle. Et maintenant elle avait faim, elle était peut-être malade.

— Je reviendrai aussi vite que possible.

Je me rendis en ville. Je demandai du travail dans plus de dix endroits mais partout les gens secouaient la tête. Je songeais à Julia dans ce bosquet de mesquite. Je ne pouvais supporter de retourner là-bas sans lui apporter au moins un peu à manger.

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