Le Roman des Croisades T1 La Croix et le Royaume by Michel Peyramaure

Le Roman des Croisades T1 La Croix et le Royaume by Michel Peyramaure

Auteur:Michel Peyramaure [Michel Peyramaure]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Le temps des épreuves débuta ce jour d’octobre où un cavalier noir s’arrêta pour demander l’hospitalité. Comme il avait mauvaise apparence et que Gautier était aux champs, ma mère refusa de le laisser entrer. Il tourna bride en proférant des menaces. Quelques semaines plus tard, alors que l’on semait, sous les premières pluies et le froid de la Vierge, comme on disait, les fèves et le lin, que ma mère s’occupait de la volaille, moi et Jumana de trier les olives à confire, les chiens se mirent à aboyer et à geindre, tournés vers la montagne.

— Là-bas ! s’écria ma sœur. Des cavaliers…

Elle montrait de la main un mamelon très sec, parsemé de touffes d’herbe grisâtre, d’où montait un panache de poussière. Je bondis vers la maison et sonnai de la corne pour alerter mon père et les travailleurs. Grosse de six mois, ma mère se lamentait en tenant son ventre à deux mains : elle disait reconnaître une troupe de Bédouins. En fait il s’agissait d’un parti d’Arabes en tenue guerrière, qui déferlaient en direction du village avec des cris sauvages. Gautier arriva dare-dare, accompagné de ses deux esclaves et de quelques garçons du village employés à la cueillette des dernières olives. Il distribua ses armes, indiqua les postes de défense, derrière le mur. Ma mère et ma sœur se cachèrent sous un buisson de nopals où une niche avait été aménagéee, en cas de mauvaise surprise. Mon père me désigna mon poste : la terrasse du pigeonnier. Je n’étais encore qu’un enfant, mais habile au tir à l’arc.

Les agresseurs n’avaient pas rencontré la moindre résistance dans le village auquel ils avaient mis le feu. Tandis que quelques cavaliers arabes rassemblaient les troupeaux, les autres déferlaient vers nous en hurlant, la torche au poing. Certains d’opérer leur razzia sans obstacle, ils mirent pied à terre, en marge de l’oliveraie, et s’avancèrent sans crainte, quand une grêle de flèches les força à reculer. Revenant à la charge, ils parvinrent à pénétrer dans la cour en s’aidant d’un gros figuier. Avant de dégringoler de ma terrasse d’où le feu me chassait, et d’avoir les mains liées dans le dos, j’eus le temps de voir mon père se battre contre quatre hommes que, malgré son infirmité, il contraignait à la défensive, puis, acculé au mur de la grange, tomber sur les genoux, la tête à demi détachée du corps par un coup de cimeterre. Jamal, Aoud et les autres travailleurs s’étaient enfuis en jetant leurs armes.

Le chef me souleva par le devant de ma tunique et me demanda d’une voix âpre où se trouvait le reste de ma famille. Je répondis que ma mère et ma sœur étaient parties vendre des œufs et de la volaille à Béthanie ; il me crut et parut décidé à me laisser la vie sauve. Je les vis avec la rage au ventre entasser les provisions sur le chameau et le bourricot, persuadé que j’étais qu’ils allaient me laisser libre, étant donné mon jeune âge. Ils



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