Une vie de trop (French Edition) by Zenoni Gérard

Une vie de trop (French Edition) by Zenoni Gérard

Auteur:Zenoni, Gérard [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2023-06-16T23:00:00+00:00


On va pas être copain !

Quel massacre ! C’était ça la Côte d’Azur qui faisait encore rêver le monde entier ? Aucune construction ne trouvait grâce à mes yeux depuis que j’avais quitté l’aéroport de Nice. Les choses s’améliorèrent quand je quittai l’autoroute. J’arrivai enfin à l’hôtel que j’avais réservé. Un endroit que je n’aurais jamais pu me payer dans ma vie d’avant. Une ancienne demeure patricienne restaurée, perchée sur les hauteurs d’une colline de pins et de garigue. La vue sur la Méditerranée au loin justifiait à elle seule la somme indécente que j’allais dépenser.

Par où commencer ? Joseph avait-il choisi un établissement hautement médicalisé bénéficiant du matériel dernier cri ? Auquel cas j’avais une petite chance de le retrouver. Aucune, s’il avait préféré rester à l’écart de tout acharnement thérapeutique, cloitré dans une villa surplombant des collines pagnolesques. Je l’imaginais allongé sur une méridienne, recouvert d’une couverture, seul sur une grande terrasse, avec vue sur la Méditerranée au loin. Légèrement en retrait, une infirmière qui l’assiste nuit et jour. Jusqu’à la dernière nuit. Ou jusqu’au dernier jour.

Je me méfie des expressions toute faites mais j’étais bien à la recherche d’une aiguille dans une botte de foin. Ce retour en France n’était qu’un caprice de millionnaire. Qu’est-ce que je croyais ! Je passais le reste de l’après-midi à trainer entre ma chambre et la piscine. J’alignai quelques mots supplémentaires à mon roman mais là aussi je bloquais. J’étais parti la fleur au fusil – encore une expression toute faite, mon texte en était truffé, j’allais devoir y prendre garde – sans plan, sans trop avoir imaginé la fin, sans avoir tranché entre différents partis pris d’écriture : le narrateur devait-il employer le « Je » ou le « Il » ? Valait-il mieux rédiger au présent ? Au passé ?

Je passai les deux jours suivants à tout reprendre. Comme si je repartais de zéro, mais je n’oubliais pas la raison de mon déplacement dans le Sud. Je ne voyais pas comment faire sinon continuer à passer des appels aux cliniques et aux maisons de repos. Avec toujours la même réponse. En désespoir de cause j’envoyai un mail à Joseph.

Cher Victor,

Tu n’as pas répondu à mes derniers messages. Aucun reproche de ma part. Je voulais que tu saches que ton sort ne m’est pas indifférent.

Je suis actuellement près d’Antibes et si tu le souhaites, je peux facilement te rendre visite. En attendant, je te souhaite tout le courage du monde.

A bientôt peut-être,

Joseph

Puis je retournai à l’écriture.

Le lendemain, la pluie était venue contrarier mes plans. J’avais prévu de lézarder à la piscine mais après quelques longueurs le ciel s’était assombri dans la matinée. Une jeune femme m’avait abordé alors que je remballais mes affaires.

— Ce n’est qu’un petit grain, passez nous voir au spa !

Brune, mince, un sourire espiègle et naturel alors qu’elle était en train de faire de la retape pour son espace détente, une fossette au diapason… Elle était charmante. Comme toutes les employées des spas du monde entier.

— On ferme à vingt heures, précisa-t-elle en s’éloignant déjà.



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