Une vie de pintade à Beyrouth by Muriel Rozelier

Une vie de pintade à Beyrouth by Muriel Rozelier

Auteur:Muriel Rozelier [Rozelier, Muriel]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Bonne en ligne

Dans la famille de Wissam et de Mariam, c’est la folie. Trois mois que Marlène, l’ancienne bonne de la famille, est rentrée chez elle, « en vacances », aux Philippines après quatre ans passés à Beyrouth. Elle devait s’absenter trois semaines. Mais elle n’est jamais revenue. Pourtant, Marlène, 39 ans, disait de la famille de Wissam (tandis qu’elle me montrait les photos de son fils de 7 ans, qui vivait avec sa mère à Manille) : « Ils sont comme une seconde famille pour moi. » Elle disait aussi : « Je fais mon boulot. Ce que j’aime avec eux, c’est qu’ils ne me donnent pas d’ordre. Si j’ai terminé, je fais ce que je veux. Lire, éventuellement regarder la télévision… Parfois, ils reçoivent des amis le soir, mais c’est relativement rare. Et j’ai un dimanche sur deux. » Dans son pays, Marlène était institutrice, payée aux alentours de 50 dollars par mois. Quand son mari, plus âgé, a perdu son emploi dans la construction, elle a accepté l’offre d’un de ces intermédiaires « libanais » qui sillonnent le monde à la recherche de personnel pour les maisons du Levant. Destination Beyrouth, avec atterrissage bienheureux dans la famille de Wissam. Avec l’argent gagné au Liban, Marlène a fait construire une extension à la maison de sa mère à Manille, pour elle et son fils. Elle voulait ouvrir un restaurant. Grâce à l’argent qu’elle envoyait au pays, elle affirmait même, avec un brin d’orgueil, que sa mère employait désormais elle aussi une bonne, « mais pour trente dollars par mois » pour l’aider à éduquer son petit-fils.

Depuis quatre mois donc, c’est la totale panique dans la famille de Wissam et de Mariam : la poussière s’accumule, les enfants ne sont pas loin de redevenir des petits sauvageons. Les parents travaillent tous les deux. Elle est jeune journaliste dans un quotidien arabophone pour 600 dollars par mois ; lui bosse comme ingénieur pour 2 000 dollars par mois. Pour ce couple, plus encore que le ménage, le souci majeur reste la garde des deux enfants, notamment le dernier-né de 4 ans, Athar. Leur famille, leurs parents, vivent entre Tyr et Saïda : aucune aide à envisager de ce côté-là pour gérer leur petit prince au quotidien. À Beyrouth, il existe certes de rares garderies privées pour les plus jeunes – au demeurant chères, de l’ordre de 300 dollars par mois. Mais aucune accessible, pour cause de surbooking et de liste d’attente. Or, les élèves finissent leur journée, aberration liée à la guerre civile, vers 13 h 30 (les élèves commençaient très tôt pour finir avant le début d’après-midi, qui sonnait souvent l’heure des premiers accrochages). Alors, pour Mariam, il est quasi impossible de tenir ses engagements à la fois professionnels et familiaux sans l’aide d’une nounou à la maison.



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