Une licorne pour Noël (French Edition) by Virginie T

Auteur:Virginie T. [Virginie T.]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2024-12-02T00:00:00+00:00

Chapitre 16

Bastien

Revoir Clara ne m’a rien fait du tout. En réalité, la colère que j’ai éprouvée à son encontre n’est pas due à la brûlure de sa trahison, mais à la manière dont elle a scruté Lunaria, avec un évident mépris. Comment ai-je pu être aussi aveugle ? Marie a raison, c’est une garce. Néanmoins, je dois demeurer concentré sur l’essentiel, ma démission. Lunaria m’a ouvert les yeux. Je ne perds rien en partant. Monsieur Dumartin n’a aucun respect pour ses employés. Nous sommes remplaçables et apparemment, sans difficulté. Quoique, le tableau des chiffres montre une petite baisse de la rentabilité et surtout un retard dans les commandes. Forcément, j’étais quasiment le seul à accepter de rester plus tard, ce que je peux comprendre puisque les heures supplémentaires ne sont ni payées ni récupérées.

— Monsieur Dubois, asseyez-vous.

Je délaisse la chaise, préférant rester debout.

— C’est inutile, je n’en ai pas pour longtemps. Je suis venu vous remettre ma lettre de démission.

— Vous n’avez pas l’impression que c’est exagéré ? Si c’est pour cette histoire avec Clara, je compte la larguer d’ici peu. Elle reviendra vers vous. Vous n’étiez pas sérieusement engagé de toute manière.

— Je comptais la demander en mariage, mais là n’est pas la question. J’aurais dû partir depuis longtemps. Je mérite mieux que cette société.

— Si c’est une augmentation que vous voulez, vous l’avez.

On dirait bien que j’étais plus indispensable qu’il le laissait entendre. Monsieur panique.

— Non, merci. Je trouverai mieux.

C’est alors qu’un hurlement à réveiller les morts résonne dans tout l’étage.

— LOUIS !!!

Je reconnais cette manière de crier entre mille. Si, à une époque, j'accourais, aujourd’hui, ce n’est plus mon problème. Je dépose donc la lettre sur le bureau puis tourne les talons, marchant calmement pour rejoindre l’accueil.

— Demandez à Arieta de m’appeler quand les papiers seront prêts.

— LOUIS, AU SECOURS !

— Je crois que Clara vous réclame.

Et pour cause, elle a eu comme un fâcheux accident. Son talon s’est coincé dans la rainure de l’ascenseur. Plutôt que de l’aider, l’attroupement qui s’est formé assiste au spectacle les bras croisés et au centre, Lunaria, imperturbable. Elle se retourne à mon approche et me parle par-dessus les cris hystériques de mon ex.

— Tout s’est bien passé ?

Clara se débat avec sa chaussure tandis que les portes de l’ascenseur se referment et que ses cris redoublent. Je suis obligé de me pencher vers Lunaria pour me faire entendre.

— Oui. Et toi ?

— J’ai patienté, mais je trouve l’endroit particulièrement bruyant.

À l’origine, il n’y a pas une femme qui hurle comme si on l’égorgeait.

— Quelqu’un va-t-il m’aider ? Louis ?

Devant l’absence de réaction de mon patron, Clara se tourne vers moi.

— Bastien ?

Je ne suis pas mesquin au point de la laisser en fâcheuse posture. Je m’avance, contemplant son pied enflé qui paraît coincé dans l’escarpin, puis appuie sur le bouton pour bloquer les portes de l’ascenseur.

— Voilà, c’est le mieux que je puisse faire. Je suis certain qu’Arieta a téléphoné à un technicien de maintenance.

Quoique. La secrétaire semble prendre un malin plaisir à admirer le spectacle, comme tous les autres employés.

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