Une histoire de France par les villes et les villages by Baroin François

Une histoire de France par les villes et les villages by Baroin François

Auteur:Baroin François [Baroin, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2017-07-14T16:00:00+00:00


La peine de mort pour la parricide

1829

Bézues-Bajon

Gers (32)

212 habitants

Comment ne pas penser à la peine de mort quand on est avocat pénaliste ? Chaque fois que j’ai dû plaider en assises, je me suis demandé comment j’aurais réagi si un tel verdict était encore possible. Et je ne peux m’empêcher de songer à Victor Hugo.

Je me le figure se promenant, encore jeune à vingt-sept ans, dans les rues de Paris. C’est en traversant la place de Grève qu’il est frappé par une vision : un bourreau et ses aides préparent la guillotine pour une prochaine exécution. Ils répandent une graisse épaisse sur les mécanismes, pour que tout se passe bien. En voyant les visages de quelques curieux, Hugo décide d’écrire un livre sur le sujet, ce sera Le Dernier Jour d’un condamné, œuvre pionnière de lutte contre la peine de mort. Le livre n’obtient pas le succès espéré et les exécutions restent nombreuses, plusieurs dizaines par an.

De fait, peu après la sortie de l’ouvrage, en février 1829, Françoise Trenque, vingt-quatre ans, est accusée d’avoir empoisonné ses parents, ses deux frères et ses deux sœurs, ainsi que plusieurs ouvriers qui, eux, survivront. L’affaire se déroule à Bézues-Bajon, dans le Gers, petit village vivant encore au rythme de la campagne.

Françoise Trenque n’en était pas à sa première tentative d’empoisonnement. Déjà, le 20 juin 1828, son père, charpentier, son frère aîné et un ouvrier sont pris de maux de ventre alors qu’ils travaillent sur le chantier de la maison du maire, à Arrouède, à trois kilomètres de Bézues-Bajon. Ils s’en sortent indemnes. En octobre de la même année, le père Trenque retourne au chantier avec ses deux fils. Là, ils tombent de nouveau malades : « altération des traits, douleurs d’estomac et d’entrailles, vomissements, soif inextinguible, ardeur brûlante au gosier », tels sont les symptômes. Le même jour, la mère et la sœur cadette de Françoise éprouvent elles aussi de vives douleurs au ventre. Le père et les fils, après avoir souffert durant une semaine, sont contraints d’abandonner le chantier. Seules sont épargnées la sœur aînée, Bernarde, qui travaillait à l’extérieur, et Françoise.

Puis, le 21 février 1829, la famille Trenque, à l’exception de Françoise, est souffrante. Le 12 mars, les deux frères Trenque décèdent. Puis tous les autres succombent tour à tour dans les jours qui suivent. Tant de morts présentant les mêmes symptômes, apparus au même moment dans la même famille, soulèvent naturellement des soupçons. L’autopsie révèle la présence d’arsenic et d’acide nitrique, aussi appelé eau-forte. La justice procède à des perquisitions. On retrouve les poisons dans l’armoire de Françoise, ainsi que dans les plats qu’elle avait préparés.

Elle est arrêtée et amenée à Auch, la préfecture du Gers, à trente kilomètres au nord de Bézues-Bajon, pour y être jugée. Le 9 juillet 1829, elle comparaît devant la cour d’assises. À cette époque, le jury est composé d’hommes notables, des citoyens souvent actifs, dont le temps est précieux. Comment vont-ils juger cette accusée qui « portait des habits de deuil », décrite comme



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