Une erreur de maigret by Georges Simenon

Une erreur de maigret by Georges Simenon

Auteur:Georges Simenon [Simenon, Georges]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 1937-01-02T23:00:00+00:00


Granville, 6 août.

Mon chéri,

Voilà déjà trois jours que je vis sans toi et cela me semble impossible, mon amant, de rester plus longtemps sans ta présence, sans…

Il y en avait deux pages. Signature :

Ta maîtresse pour la vie,

Émilienne.

Maigret regardait son interlocuteur grassouillet, fumait, rongeait son frein.

— Drame d’amour ? questionnait-il avec une ironie féroce.

Et l’autre, coquet :

— Pourquoi pas ?

On était tellement loin du monde réel, des gens sains de corps et d’esprit qui marchaient là-haut, sur le trottoir, dans la fraîcheur de l’hiver, au-delà du soupirail qui tenait lieu de fenêtre !

Maigret regardait le judas qui permettait de surveiller le boudoir voisin, puis il regardait son immonde bonhomme et il avait du mal à retenir ses gros poings.

— Tu ne vas tout de même pas prétendre qu’elle s’est suicidée ?

— Je n’avais aucun intérêt à la tuer et à me créer des ennuis, surtout au moment où j’allais me retirer dans les environs de Nice, où j’ai acheté une villa…

Labri se défendait pied à pied, ou plutôt, visqueux, il glissait dans la main et Maigret était toujours plus rageur. Il pouvait au besoin se mettre à la place, pour reconstituer sa psychologie, d’un petit gars qui vient de faire un coup de tête. Il connaissait les moindres secrets des marchands de chair de Montmartre et des marchands de rêve de Montparnasse.

Il connaissait son Paris pour ainsi dire rue par rue, mais jamais, il s’en repentait maintenant, il n’était descendu dans des sous-sols de ce genre et il n’avait collé le visage au judas d’un Labri.

— Plus vous réfléchirez, plus vous constaterez que je suis innocent et que toute cette histoire me fait du tort…

Il avait des mots comme ça ! Il parlait de son affaire comme d’un commerce régulier ! Pour un peu, il eût sorti ses livres de comptabilité !

— Plus je réfléchirai, ne put s’empêcher de marteler Maigret, et plus j’aurai envie de te casser la gueule !

Il ne pouvait plus la voir, cette gueule-là, à la fois belle et laide, car les yeux de Labri n’étaient pas sans langueur et corrigeaient la veulerie de la bouche et du menton…

C’était le type ignoble dans toute l’acception du terme, celui dont un certain charme fait passer tout le reste.

Maigret, devant lui, se sentait une rage qui était presque une rage de père, comme s’il eût eu à venger sa propre fille.

Soudain, marchant vers lui, il lui mit sa main fermée devant le visage.

— Avoue ! gronda-t-il.

La peur cynique de l’autre, trahissant sa lâcheté, n’était qu’un adjuvant.

— Avoue, crapule !… Je sais bien, parbleu, que tu as pris tes précautions…

Et Labri reculait, se tassait contre le mur, toute sa chair en déroute.

— Émilienne était ta maîtresse… Elle connaissait toutes les sales histoires que tu as manigancées ici… C’est pour cela que tu as éprouvé le besoin de la supprimer avant d’aller vivre de tes rentes dans ta villa de Nice…

— Monsieur le commissaire…

— Avoue, que je te dis !… Avoue que, sous prétexte de lui faire prendre un médicament



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