Un train en hiver by Caroline Moorehead

Un train en hiver by Caroline Moorehead

Auteur:Caroline Moorehead [Moorehead, Caroline]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
Publié: 2014-11-14T23:00:00+00:00


Les baraques de Birkenau.

Mais les camps d’Auschwitz et Birkenau avaient un autre but qui, à la fin de l’année 1942, devint essentiel aux Allemands. Avec de plus en plus de soldats envoyés sur le front de l’Est, et un manque croissant d’armement et de réserves pour l’armée, les camps se transformèrent en importants centres de travail forcé : les personnes fortes et en bonne santé étaient envoyées dans une des nombreuses entreprises industrielles créées autour des camps, les faibles et les infirmes « sélectionnés » à l’arrivée et acheminés directement vers les chambres à gaz. La mort lente par le châtiment, l’épuisement et le travail brutal servait le but final d’extermination aussi efficacement qu’une mort immédiate, et avait en plus l’avantage de subvenir aux besoins de l’effort de guerre allemand. Un officier SS aurait même dit : « Vous êtes tous condamnés à mourir mais l’exécution de votre peine prendra un certain temps. »

Au début de l’année 1943, la présence d’IG Farben, ainsi que celle d’autres grosses entreprises industrielles, contribuait déjà au développement du camp et à son évolution finale en principal centre d’extermination industrialisé nazi. Soumis à des pressions de plus en plus fortes pour augmenter les quantités d’essence synthétique, les hommes d’IG Farben pouvaient se montrer aussi violents que les SS et allaient à la rencontre des nouveaux arrivants dès leur descente du train pour sélectionner des soudeurs, des chimistes et des électriciens. Ils n’avaient aucune pitié pour les faibles. Les carrières, les mines, les usines et les marais étaient déjà des pièges mortels pour des hommes et des femmes émaciés, malades, sous-alimentés, qui travaillaient sans vêtements de protection, harcelés par les chiens, terrifiés en permanence.

Lorsque les Françaises arrivèrent à Birkenau, les activités doubles du camp atteignaient tout juste leur plein potentiel. Chaque nouveau train, le plus souvent rempli de Juifs des ghettos de France, Belgique, Pays-Bas, Grèce, Allemagne, Yougoslavie, Tchécoslovaquie et Pologne, apportait un petit nombre – peut-être 10 ou 15 % du total – de déportés jugés capables de travailler jusqu’à la mort. Le reste – les personnes âgées ou infirmes, les enfants, les femmes enceintes ou avec des bébés – était immédiatement dirigé vers les chambres à gaz.

Quatre nouveaux fours crématoires, construits par Topf & Fils, furent bientôt terminés, avec leurs salles de déshabillage souterraines. Ils permettaient non seulement d’accélérer le processus d’extermination – en théorie, 4 416 personnes pouvaient être « traitées » par vingt-quatre heures –, mais aussi de limiter les odeurs de chair brûlée qui flottaient désormais dans la région. Un nouveau système plus efficace fut mis en place, consistant à confier à des Sonderkommandos1 la tâche de remplir les fours après avoir extrait des mâchoires les dents en or, dont on faisait des lingots envoyés à la Reichsbank, et coupé les cheveux, qui étaient ensuite utilisés pour fabriquer du feutre ou du fil. Ils devaient également enlever les cendres des grilles et les envoyer par camion vers la Vistule. La quarante-quatrième livraison de Juifs français de Drancy arriva à Birkenau peu avant les Françaises.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.